SANDER OTTO (1941-2013)
L’acteur allemand Otto Sander n’a pas reçu les lauriers internationaux qu’aurait pu lui valoir le prestige acquis dans son propre pays. En France, notamment, sa notoriété repose essentiellement sur son personnage de Cassiel, un des deux anges du film de Wenders Les Ailes du désir (Der Himmel über Berlin, 1987), où il regarde agir son alter ego Daniel (Bruno Ganz), avant de devenir le principal protagoniste de Si loin, si proche ! (In weiter Ferne, so nah !, 1993), s’humanisant à son tour face aux réalités concrètes et complexes du Berlin réunifié.
En Allemagne, la carrière d’Otto Sander s’enracine dans les innovations des arts du spectacle qui marquent les années 1970. Né en 1941 à Hanovre, il va devenir un des acteurs les plus importants de sa génération – au théâtre principalement, car cinéma et télévision semblent n’avoir été chez lui qu’une préoccupation secondaire. À Munich, après des études de lettres, d’histoire de l’art, de philosophie, il s’inscrit à la Otto-Falckenberg-Schule, le cours d’art dramatique qui a formé de nombreux acteurs de sa génération, comme Edith Clever, ainsi que les partenaires des cinéastes de Munich à l’époque où la ville était la capitale du Jeune cinéma allemand (Ruth Drexel, Jacques Breuer, Josef Bierbichler, etc.). Après ses premiers engagements dans les théâtres de Düsseldorf et de Heidelberg, il est à Berlin, à la Freie Volksbühne, puis à la Schaubühne que vient de fonder Peter Stein en 1970. Aux côtés d’Edith Clever, Jutta Lampe, Tina Engel, Bruno Ganz, Michael König, il participe aux essais d’élaboration collective de la troupe et joue sous la direction de grands metteurs en scène, Peter Stein bien sûr, mais aussi Klaus-Michael Grüber, Wilfried Minks, plus tard Luc Bondy. Sur sa participation aux activités de la Schaubühne, à laquelle il reste fidèle jusqu’en 1981, on dispose de plus d’articles de presse et de témoignages écrits que de captations vidéographiques ou cinématographiques. Il apparaît toutefois dans des adaptations télévisées de mises en scène théâtrales : Der Prinz von Homburg de Kleist (1973), Shakespeare Memory (1978, d’après Comme il vous plaira), La Trilogie du revoir (Trilogie des Wiedersehens, 1978) de Botho Strauss – toutes réalisées sous la direction de Peter Stein.
Malgré le film que Peter Stein tire de l’adaptation faite par Botho Strauss de la pièce de Maxime Gorki, Les Estivants (Sommergäste, 1975) – où Sander joue le rôle de Souslov –, malgré le célèbre film d’Éric Rohmer, La Marquise d’O (Die Marquise von O, 1976), tourné avec les acteurs de Stein, dont Edith Clever (la marquise), Sander (son frère) et Bruno Ganz, malgré enfin le prestige du cinéma d’auteur allemand à l’étranger, la marque d’Otto Sander est restée discrète sur les écrans internationaux. Le théâtre, il est vrai, le mobilise avant toute chose, même s’il se produit à la télévision. En dehors des films de Wim Wenders, on retient de lui ses rôles dans Le Tambour (Die Blechtrommel, 1979) de Volker Schlöndorff, Palermo oder Wolsburg (1980) de Werner Schroeter, Le Bateau (Das Boot, 1980) de Wolfgang Petersen, Rosa Luxemburg (1985, il y tient le rôle de Karl Liebknecht) de Margarethe von Trotta. Il fait équipe avec le populaire Götz George et un grand acteur de R.D.A., Rolf Hoppe, dans un film coproduit par les deux Allemagnes à la veille de la chute du Mur, Der Bruch (1989). Dans M. Spalt, par exemple (z.B. Otto Spalt, 1987) de René Perraudin, il campe avec malice un cinéaste aux prises avec les institutions et les problèmes d’argent. Souvent attiré par le comique, il est notamment le héros d’une comédie insolite, L’Homme en pyjama (Der Mann im Pyjama, 1981), de Christian Rateuke.
Passé derrière la caméra au côté de Bruno Ganz, il réalise avec un petit budget Mémoire (Gedätchnis – Ein film für Curt Bois und Bernhard[...]
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Écrit par
- Daniel SAUVAGET : économiste, critique de cinéma
Classification
Média
Autres références
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GANZ BRUNO (1941-2019)
- Écrit par Daniel SAUVAGET
- 916 mots
- 1 média
Bruno Ganz aura profondément marqué le théâtre et le cinéma allemands depuis les années 1970. À partir de 1996, il fut le détenteur de l’anneau d’Iffland, la plus haute distinction décernée à un acteur de théâtre de langue allemande. On connaît en outre la part qu’il a prise dans...