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BISMARCK OTTO VON (1815-1898)

Le chancelier d'Empire

Le Prince Otto von Bismarck en uniforme, F.S. von Lenbach - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le Prince Otto von Bismarck en uniforme, F.S. von Lenbach

Après avoir bouleversé l'Allemagne de 1815 pour faire naître une nouvelle Allemagne sous la direction de la Prusse, Bismarck cherche maintenant surtout à assurer la survie de son œuvre qu'il croit fragile, à la consolider de l'intérieur, à la protéger contre l'extérieur.

La consolidation du Reich

Dans la Constitution impériale du 16 avril 1871, le Bundesrat semble, à première vue, un rouage au moins aussi essentiel que le Reichstag. Pourtant, l'assemblée élue ne tarde pas à prendre une importance qui en fera le véritable centre de la vie politique du pays. Bien qu'il ne soit pas responsable devant le Reichstag et qu'il possède même le droit de le dissoudre, Bismarck prête attention à l'opinion, aux « fractions », c'est-à-dire aux groupes parlementaires des différents partis. Désireux de voir sa politique appuyée par une majorité, il négocie avec ces fractions en des marchandages – le langage parlementaire les désigne par le terme imagé de Kuhhandel, « maquignonnage » – où concessions et promesses s'équilibrent. Bismarck a recouru successivement à deux types de coalitions : conservateurs et nationaux-libéraux au temps du Kulturkampf (« combat pour la civilisation »), puis, de 1887 à 1890, conservateurs et centre, pour lutter contre les socialistes.

On voit là quels sont les deux principaux ennemis du chancelier. L'esprit de la politique anticatholique, que désigne le terme de Kulturkampf, s'exprime dans des lois votées par le Reichstag et le Landtag de Prusse de 1872 à 1875. Le soutien apporté aux vieux catholiques n'est qu'un prétexte. La véritable raison, c'est l'hostilité que le luthérien Bismarck éprouve à l'égard du catholicisme : les catholiques n'ont-ils pas leurs positions les plus fortes en Rhénanie et en Hanovre, provinces étrangères au véritable esprit prussien, en Bavière, État catholique qui avait pris le parti de l'Autriche en 1866 et où, trois ans après la défaite, les sentiments antiprussiens reprenaient de la vigueur ? Ils sont catholiques aussi, pour la plupart, ces Alsaciens-Lorrains qui protestent contre leur récente annexion au Reich. Et surtout ces Polonais chez qui la religion se fond avec le sentiment national dans une opposition déterminée au germanisme. Le lien entre Kulturkampf et politique antipolonaise ne sera jamais marqué avec trop de force : « Quand j'ai engagé le Kulturkampf, écrit Bismarck dans ses Pensées et souvenirs, j'y ai été principalement déterminé par le côté polonais de la question. » C'est donc en tant qu'ennemis du germanisme ou comme éléments douteux du Reich que les catholiques sont l'objet, par la volonté de Bismarck, d'une véritable persécution. Mais, à partir de 1878, Bismarck est réduit à « aller à Canossa », et en 1887 il reste peu de chose de l'arsenal législatif forgé douze ou quinze ans auparavant.

Après 1871, Bismarck – qui avait eu, en 1863-1864, des contacts avec Ferdinand Lassalle – se tourne contre les socialistes. Bebel et Liebknecht sont incarcérés de 1872 à 1874. Le parti unique né en 1875 au congrès de Gotha voit ses effectifs s'accroître avec la crise économique qui débute en 1873. Deux attentats contre Guillaume Ier perpétrés en 1878 fournissent au chancelier le prétexte pour agir. Les lois d'octobre 1878, prorogées ensuite jusqu'en 1890, lui permettent, par les restrictions apportées aux libertés individuelles et collectives, d'atteindre les socialistes, dont les suffrages baissent aux élections de 1881 et 1887. C'est dans l'espoir de leur retirer une partie de leur électorat que Bismarck fait voter les lois d'assurances sociales couvrant les risques maladie (1883) et accidents (1884), et créant des caisses de retraite pour les vieillards et les infirmes[...]

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Rouen

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Médias

Allemagne, 1870-1871 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Allemagne, 1870-1871

Le Prince Otto von Bismarck en uniforme, F.S. von Lenbach - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le Prince Otto von Bismarck en uniforme, F.S. von Lenbach

Bismarck impose ses conditions - crédits : Ullstein Bild/ Ullstein Bild/ Getty Images

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