OUGANDA
Nom officiel | République de l'Ouganda (UG) |
Chef de l'État et du gouvernement | Yoweri Katuga Museveni (depuis le 26 janvier 1986, élu le 9 mai 1996). Premier ministre : Robinah Nabbanja (depuis le 21 juin 2021) |
Capitale | Kampala |
Langues officielles | Anglais, swahili |
Unité monétaire | Shilling ougandais (UGX) |
Population (estim.) |
47 066 000 (2024) |
Superficie |
241 553 km²
|
L'Ouganda indépendant
Ethnies, religions et ambitions personnelles : le blocage politique
Les prémisses de l'indépendance : polarisation religieuse
À la veille de l'indépendance, trois principaux partis dominent la vie politique : le Kabaka Yekka (en luganda, le roi au-dessus de tout, KY), dirigé par le roi du Buganda, Mutesa II (1924-1969), parfaitement intégré dans la haute société britannique, est un parti ethno-national, protestant, conservateur et royaliste ganda ; l'Uganda People Congress (UPC, Congrès du peuple ougandais), dirigé par Milton Obote, originaire du nord du pays, est un parti de gauche, protestant et antiganda ; et le Democratic Party (DP, Parti démocratique), dirigé par Benedicto Kiwanuka, jeune avocat ganda, est un parti démocrate chrétien catholique, anticommuniste, implanté au niveau national.
En mars 1961 se déroulent les premières élections pour former un gouvernement durant la période de transition vers l'indépendance. Le KY, insatisfait de la place institutionnelle accordée au royaume du Buganda dans le futur Ouganda indépendant, boycotte les élections. Malgré les intimidations et le contrôle de l'administration locale par la royauté, les candidats du DP sont élus au Buganda – ils obtiennent la majorité au Parlement – et Benedicto Kiwanuka devient Premier ministre de l'Ouganda. Les royalistes s'allient alors avec l'UPC autour de leur haine commune du DP et des catholiques. Mutesa et Obote négocient un arrangement constitutionnel dans lequel Mutesa II est nommé président de la République, titre honorifique permettant que personne ne soit au-dessus du roi, et Milton Obote devient Premier ministre. Les Britanniques acceptent ce nouvel accord et des élections sont à nouveau organisées en avril 1962, à l'issue desquelles le DP est vaincu par le KY et l'UPC coalisés. Lorsque l'indépendance est proclamée le 9 octobre 1962, les deux partis se retrouvent face à face et doivent affronter leurs divisions internes.
Conflits politique, ethnique et idéologique
Le ciment anticatholique de la coalition disparaît. Obote peut s'opposer à son allié grâce au ralliement individuel à l'UPC d'une large partie des députés de l'opposition, appâtés par les gains et les récompenses du pouvoir. Il dispose ainsi d'une majorité au Parlement sans l'appui du KY. La rupture entre les deux partis est officielle en août 1964. Mutesa encourage en sous-main les ralliements à son adversaire afin de noyauter l'UPC et de renverser l'équilibre des pouvoirs à l'intérieur du parti au détriment d'Obote. Il encourage l'aile droite de l'UPC, qui recrute parmi les élites de l'ouest de l'Ouganda, contre Obote et ses partisans qui sont de gauche et recrutent dans le nord. Il se constitue donc une alliance contre le Premier ministre, comprenant les transfuges du KY et du DP désormais membres de l'UPC et les mécontents de ce parti. Géographiquement se forme donc une opposition entre, d'un côté l'ouest et le sud et, de l'autre, le nord. Obote réagit en février 1966 en faisant arrêter les principaux leaders qui s'opposent à lui (dont cinq ministres) et brise cette opposition. Le président Mutesa appelle à un arbitrage constitutionnel du Royaume-Uni et demande l'indépendance du Buganda par rapport à l'Ouganda. Obote suspend alors la Constitution et lance l'armée contre Mutesa. Le chef d'état-major, le colonel Idi Amin Dada, un protégé d'Obote, fait donner l'assaut au palais royal le 24 mai 1966. Le roi-président réussit à s'échapper et s'exile à Londres où il mourra en 1969. Les quelques mouvements de révolte sporadiques dans le royaume sont écrasés par les forces du gouvernement central.
Obote se retrouve seul maître de l'Ouganda, mais doit faire face à une[...]
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Écrit par
- Bernard CALAS : professeur de géographie à l'université de Bordeaux-III-Michel-de-Montaigne
- Odette GUITARD : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en- Provence
- Henri MÉDARD : maître de conférences en histoire à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, centre de recherches africaines
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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