OUGARIT ou UGARIT
Histoire du site
Dès le VIIIe millénaire, qui voit au Proche-Orient néolithique les débuts de l'agriculture, de la domestication des animaux et de l'habitat groupé, des populations sédentarisées se sont installées à proximité de la mer dans la fertile plaine côtière qui s'étend entre la mer et la chaîne Alaouite (Jebel el-Ansariyé). Six millénaires d'occupation à peu près continue ont édifié le tell de Ras Shamra (« la colline du fenouil »), qui s'étend aujourd'hui sur plus de 25 hectares entre deux petits cours d'eau (nahr Chbayyeb au nord, nahr ed-Delbé au sud), et culmine à environ 20 mètres au-dessus de la plaine qui l'entoure. Le climat méditerranéen était favorable aux cultures de l'olivier, des céréales, de la vigne, et le couvert forestier des pentes montagneuses fournissait le bois. La traversée de la montagne par la vallée du nahr el-Kébir met le site en communication avec l'arrière-pays syrien et, au-delà, avec les régions de l'Euphrate. À moins de 1 kilomètre du tell, la baie de Minet el-Beida constitue l'abri portuaire naturel le plus sûr de tout le Levant nord. Les groupes humains qui ont habité là du VIIIe au IIe millénaire ont bénéficié de ces conditions favorables.
Du xive au xiie siècle avant J.-C. (à la période du Bronze récent qui correspond aux xviiie et xixe dynasties d'Égypte, au temps de Moïse ou à celui des Juges, à celui de la guerre de Troie), Ougarit est une riche cité marchande cosmopolite, pour laquelle des textes mis au jour en Égypte (tell el-Amarna), en pays hittite (archives de Boghaz-Köy) et à Ras Shamra même apportent aux découvertes de l'archéologie un éclairage inestimable. Son développement économique, qui repose en partie sur la richesse agricole, bénéficie alors largement de l'expansion des activités de négoce maritime et de son rôle de façade méditerranéenne des régions continentales. Les vestiges architecturaux, le mobilier archéologique et les textes mis au jour font surtout connaître les dernières phases d'occupation de la surface du tell jusqu'au début du xiie siècle avant J.-C. La ville, qui a subi de fortes destructions et des incendies violents, est alors peu à peu désertée par ses habitants, et le site abandonné à des « squatters » installés dans les ruines, ou aux bergers.
Au cours du Ier millénaire avant J.-C., le tell voit parfois s'établir quelques exploitations agricoles – notamment à l'époque perse (ve-ive s.) ; des trouvailles isolées (monnaies, céramiques, etc.) trahissent le passage de voyageurs ou de brèves installations aux époques hellénistique ou romaine.
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Écrit par
- René LARGEMENT : professeur à l'Institut catholique de Paris
- Marguerite YON : agrégée de l'Université (lettres classiques), docteur ès lettres, directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
Classification
Médias
Autres références
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BAAL
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 853 mots
Divinité adorée dans de nombreuses communautés du Proche-Orient antique, spécialement par les Cananéens, qui semblent en avoir fait un dieu de la fertilité. Le terme sémitique baal (en hébreu, ba‘al) signifiait « possesseur » ou « seigneur », bien qu'on ait pu l'utiliser de façon plus...
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CHYPRE ANTIQUE
- Écrit par Jean POUILLOUX et Claude F. A. SCHAEFFER
- 5 563 mots
...chypriote, accordèrent aux rois de ce pays le titre de « frère », comme l'atteste la correspondance diplomatique retrouvée accidentellement à Tell el-Amarna. Dès cette période également, les rois de Chypre entretenaient des relations d'amitié, renforcées par des liens matrimoniaux, avec la maison royale dans... -
DAGAN ou DAGON
- Écrit par Daniel ARNAUD
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D'origine inconnue et resté étranger à la culture sumérienne, le dieu Dagan appartient surtout à la religion des anciens sémites. Son nom, qui pourrait signifier « grain », donne une idée médiocre de son importance : il est en réalité à la Syrie ce qu'est Enlil à la Mésopotamie : la...
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ÉCRITURE (notions de base)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
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Les deux premiers alphabets sont inventés au cours de la seconde moitié du IIe millénaire avant J.-C. L’alphabet cunéiforme d’Ugarit, d’usage courant au xive siècle avant J.-C., comprend trente signes. Il est utilisé pour écrire des langues de même famille (araméen, hébreu, ougaritique et... - Afficher les 9 références