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OUGARIT ou UGARIT

Les relations internationales d'Ougarit

La petite capitale levantine a sa place dans l'environnement historique du Proche-Orient. Au Bronze récent, les « grandes puissances » exercent leur influence et leur domination sur les petits royaumes qui occupent les territoires du Levant. Au xve siècle, dans le conflit qui oppose le Mitanni et l'Égypte, Ougarit paraît avoir pu rester à l'écart des expéditions des pharaons vers le nord et vers l'Euphrate (par exemple celle de Thoutmosis III), tout en montrant plutôt son inclination pour les régions maritimes occidentales et pour l'Égypte.

Puis, vers 1360, lorsque les Hittites mettent la main sur les possessions occidentales mitanniennes, Ougarit et le Levant nord se trouvent pris dans la rivalité entre le Hatti et l'Égypte. À la bataille de Qadesh (1275), Ougarit se range au côté du Hatti contre Ramsès II, et le traité qui suit le partage territorial met définitivement Ougarit dans la mouvance du grand roi hittite : celui-ci exercera du reste sa souveraineté en déléguant son pouvoir d'administration au roi de Carcémish (sur l'Euphrate). Le suzerain assure la protection de son vassal et garantit la continuité dynastique ougaritienne ; à ce titre, il intervient dans les affaires intérieures, par exemple dans la politique d'alliances matrimoniales d'Ougarit et des princes voisins. En échange, le roi d'Ougarit doit payer tribut (en or et en produits divers), fournir des troupes, surveiller les voisins et déjouer les complots, etc. Comme ses équivalents des petits royaumes voisins de la côte syro-palestinienne, le roi d'Ougarit dispose donc d'une certaine autonomie à la fin de l'Âge du bronze, mais à l'intérieur d'une vaste région contrôlée par le pouvoir hittite. Pourtant, et jusqu'à la fin de son existence, le royaume d'Ougarit reste également tourné vers l'Égypte, avec laquelle il entretient de fructueuses relations commerciales et qui exerce sur tous les petits États cananéens une forte influence culturelle, technique et artistique.

Une grande quantité des tablettes en akkadien portent des lettres reçues de correspondants étrangers, ou des copies de celles qu'ils leur ont adressées ; ce sont fréquemment de hauts personnages – souverains des grandes puissances (roi hittite, roi de Babylone, pharaon d'Égypte) ou petits rois (Carcémish, Amourrou, Byblos, Beyrouth, Sidon, Tyr, Acco, Alashiyah-Chypre...), ministres ou intendants de ces princes... –, mais aussi négociants de l'Euphrate (Emar) ou de Phénicie, avec lesquels les Ougaritains font des affaires et qui ont établi des firmes commerciales dans le port principal du royaume. Sans vouloir prendre part aux événements de politique internationale qui marquent cette période, la cour d'Ougarit est intégrée dans un réseau de relations serrées où elle joue son rôle, plus intéressée à vrai dire par les affaires de négoce que par les activités politiques ou guerrières. Mais, à la fin du xiiie siècle, elle connaît une décadence politique et sociale qui l'affaiblit.

Au début du xiie siècle grandit la menace que font peser sur les régions maritimes les « Peuples de la mer » qui, depuis quelques dizaines d'années, circulaient le long des côtes de Méditerranée orientale ; certains se sont établis sur les côtes, à Chypre ou au Levant sud (Philistins) par exemple. Ils sont à l'origine de la destruction de nombreux sites côtiers et contribuent à l'écroulement de l'empire hittite ; Ramsès III remporte sur eux en Égypte une victoire qu'il raconte sur le pylône du grand temple de Medinet Habou. Il est vraisemblable qu'ils sont responsables aussi de la destruction d'Ougarit. La situation de décadence qui marque le royaume à cette période l'a empêché de réagir et de survivre aux revers et à la destruction que les textes découverts[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut catholique de Paris
  • : agrégée de l'Université (lettres classiques), docteur ès lettres, directeur de recherche émérite au C.N.R.S.

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Médias

Carte du royaume d'Ougarit au Bronze récent - crédits : Encyclopædia Universalis France

Carte du royaume d'Ougarit au Bronze récent

Tell de Ras Shamra-Ougarit - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tell de Ras Shamra-Ougarit

Autres références

  • BAAL

    • Écrit par
    • 853 mots

    Divinité adorée dans de nombreuses communautés du Proche-Orient antique, spécialement par les Cananéens, qui semblent en avoir fait un dieu de la fertilité. Le terme sémitique baal (en hébreu, ba‘al) signifiait « possesseur » ou « seigneur », bien qu'on ait pu l'utiliser de façon plus...

  • CHYPRE ANTIQUE

    • Écrit par et
    • 5 563 mots
    ...chypriote, accordèrent aux rois de ce pays le titre de « frère », comme l'atteste la correspondance diplomatique retrouvée accidentellement à Tell el-Amarna. Dès cette période également, les rois de Chypre entretenaient des relations d'amitié, renforcées par des liens matrimoniaux, avec la maison royale dans...
  • DAGAN ou DAGON

    • Écrit par
    • 334 mots
    • 1 média

    D'origine inconnue et resté étranger à la culture sumérienne, le dieu Dagan appartient surtout à la religion des anciens sémites. Son nom, qui pourrait signifier « grain », donne une idée médiocre de son importance : il est en réalité à la Syrie ce qu'est Enlil à la Mésopotamie : la...

  • ÉCRITURE (notions de base)

    • Écrit par
    • 2 596 mots
    • 7 médias
    Les deux premiers alphabets sont inventés au cours de la seconde moitié du IIe millénaire avant J.-C. L’alphabet cunéiforme d’Ugarit, d’usage courant au xive siècle avant J.-C., comprend trente signes. Il est utilisé pour écrire des langues de même famille (araméen, hébreu, ougaritique et...
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