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OUPEINPO (Ouvroir de peinture potentielle)

<em>Abdelkader Zaaf, double portrait onomométrique</em>, T. Foulc - crédits : Thieri Foulc

Abdelkader Zaaf, double portrait onomométrique, T. Foulc

L'Oupeinpo est un groupe de travail dont le propos est d'inventer des « contraintes » destinées à féconder le « pein », c'est-à-dire la peinture et autres arts visuels ; la peinture y est potentielle en ce sens que les œuvres n'y existent qu'« en puissance ». Après une première tentative en 1964-1966, l'Oupeinpo est (re)créé le 12 décembre 1980, sous l'égide de François Le Lionnais, un des fondateurs de l'Oulipo pour la littérature, par Jacques Carelman et Thieri Foulc. D'autres artistes intègrent ensuite l'Oupeinpo : Aline Gagnaire, Jean Dewasne, Tristan Bastit, Jack Vanarsky, Olivier O. Olivier, Brian Reffin Smith, Guillaume Pô, George Orrimbe, Philippe Mouchès.

L'Ouvroir n'est pas un mouvement artistique. Son ouvrage consiste, non pas en œuvres achevées, mais en machines théoriques et en procédures qu'il nomme « contraintes », avec ce qu'il faut de dérision pour qu'on n'y voie pas des règles académiques. Les oupeinpiens ont le souci d'illustrer leurs contraintes par des exemples, de sorte que l'œuvre de l'Ouvroir se présente plutôt, pour chaque contrainte, en un binôme comportant énoncé et exemple(s), outre tout le potentiel qui en découle. On distingue deux grandes familles : les contraintes de procédure ou « obligations de moyens », et les contraintes de forme ou « obligations de résultat ».

Parmi les contraintes de procédure, certaines agissent sur le peintre ou son matériel. Dans la pictée, Olivier O. Olivier « dicte » une peinture classique à une assistance : direction des lignes, types de forme, couleurs, sans rien dire du sujet, et l'on observe le résultat. D'autres contraintes de procédure s'appliquent à un matériau initial, input, qu'une méthode – la contrainte – va transformer, de façon plus ou moins directe, en un output. Pour la transposition tactile, Jacques Carelman a traité le Guernica de Picasso. Ayant étalonné les valeurs de gris de cette œuvre en camaïeu, il leur a fait correspondre les valeurs granulométriques d'une série de papiers de verre, obtenant un Guernica « à toucher », pour aveugles. Le vocalocolorisme de George Orrimbe consiste à traiter un texte selon un code couleur issu des Voyelles de Rimbaud. Dans ses lamellisations, Jack Vanarsky réassemble selon de multiples règles des images coupées en lamelles. Diverses méthodes permettent d'obtenir des points sur une surface : à partir des lettres d'un texte typographié (cassification), des intersections de deux dessins superposés (métapuncture), de dates et d'événements (autobiographie par coordonnées cartésiennes), etc. Ces points sont ensuite utilisés par Thieri Foulc comme passages obligés d'un dessin.

Les contraintes de forme, ou obligations de résultat, disent ce que sera la forme du résultat final, comme on parle de formes fixes en littérature. Une des plus fécondes est la contrainte par bords, qui constitue une famille de contraintes à elle seule. Diverses méthodes conduisent à peindre une surface de telle sorte que ses bords soient en continuité avec ceux d'une autre : picturogenèse bitangentielle, dominos potentiels, morpholo, polyptykon d'Aline Gagnaire, taquinoïde de Carelman. La plupart explorent aussi la combinatoire des formes, des couleurs, des sujets. D'autres contraintes formantes portent sur la mesure des couleurs (peinture à couleur mesurée) ou sur la lecture des images (problème des multiplicateurs de lecture) : dans la peinture au quart de tour de Carelman, chaque rotation d'un tableau révèle un nouveau portrait ; dans la contrepicterie de Philippe Mouchès, sorte de contrepèterie visuelle, la permutation des couleurs, alors que les formes restent inchangées, permet de « lire » une nouvelle image. Des systèmes entiers de relations, empruntés aux domaines scientifique, littéraire, iconographique[...]

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Écrit par

  • : artiste et écrivain, cofondateur de l'Oupeinpo

Classification

Média

<em>Abdelkader Zaaf, double portrait onomométrique</em>, T. Foulc - crédits : Thieri Foulc

Abdelkader Zaaf, double portrait onomométrique, T. Foulc

Autres références

  • CARELMAN JACQUES (1929-2012)

    • Écrit par
    • 538 mots

    Dessinateur humoristique, illustrateur de livres, peintre, sculpteur et décorateur de théâtre, Jacques Carelman est surtout connu pour son Catalogue d'objets introuvables.

    Né à Marseille en 1929, Jacques Carelman s'installe comme dentiste à Paris en 1956. Il se consacre également à diverses...

  • OLIVIER OLIVIER O. (1931-2011)

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    Peintre français de l'absurde, de l'inquiétant et de la dérision, Olivier O. Olivier, de son patronyme Pierre Marie Olivier, est né en 1931 à Paris.

    Olivier O. Olivier obtient une licence de philosophie à la Sorbonne en 1954 et intègre l'École des beaux-arts de Paris. Dès 1955, il devient...