OURAL
L'économie ouralienne
L' Okroug fédéral de l'Oural s'étend pour l'essentiel (85 p. 100 de sa superficie) sur la plaine de Sibérie occidentale, et n'a guère de rapport avec la chaîne de montagne dont il emprunte le nom. Cependant, la subdivision de l'okroug fédéral, créée en 2000, n'est pour l'instant qu'un cadre de regroupement de statistiques et n'a pas de fonctions d'aménagement régional.
Dans ce regroupement administratif, seuls les oblasts de Sverdlovsk et de Tcheliabinsk sont réellement ouraliens, puisqu'ils occupent effectivement l'essentiel de la partie centrale de la chaîne. Ils sont au cœur de la vie économique de l'Oural. L'extrême sud de la chaîne s'étend sur les territoires de la République autonome du Bachkortostan et de l'oblast d'Orenbourg, tous deux rattachés à l'okroug fédéral de la Volga. Cette partie « volgienne » de l'Oural correspond à la même logique de mise en valeur que le reste de la chaîne, mais elle est très peu peuplée : les 70 000 kilomètres carrés du Bachkortostan montagneux comptent moins de 500 000 habitants. Au nord de l'oblast de Sverdlovsk, réduite à un mince liseré, elle est presque inhabitée. C'est là qu'on trouve le point culminant de la chaîne, le mont Narodnaïa (1 895 m).
Une montagne traditionnellement vouée à l'industrie lourde
L'Oural entre dans les circuits économiques aux xiv-xve siècles. Les Novgorodiens viennent y chercher des fourrures et du sel. Passé sous la tutelle de la Moscovie à la fin du xve siècle, il voit passer les pistes qui relient Moscou à la Sibérie, conquise à partir du xvie siècle.
Le peuplement et la mise en valeur de l'Oural ne s'engagent qu'avec Pierre le Grand, qui y développe l'activité minière, la métallurgie et les manufactures d'armes. Les bassins miniers déterminent la fondation des premières villes. Iekaterinbourg est fondée en 1723 en l'honneur de l'épouse de Pierre le Grand, Catherine ; Nijni-Taghil est fondée en 1725, Tcheliabinsk, en 1736. Vers 1750, l'Oural fournit la moitié de la fonte du pays.
À la fin du xixe siècle, avec le décollage industriel de l'Empire russe, les capitaux étrangers affluent, et l'Oural est équipé de ses premiers hauts-fourneaux. Le chemin de fer fixe définitivement les deux grandes voies de passage de la chaîne, l'une par Iekaterinbourg, l'autre par Tcheliabinsk.
Les plans quinquennaux soviétiques des années 1930 font de l'Oural la seconde base sidérurgique du pays. Puis il reçoit de nombreuses usines d'armement, avec leurs ouvriers et la population, transférées de la partie occidentale du pays à partir de 1940. Le manque de charbon à coke a conduit à cette époque à créer un organisme géant, l'Oural Kouzbass Kombinat, associant la sidérurgie de l'Oural au charbon du Kouzbass sibérien, distant de plus de 1 500 kilomètres, organisme dissous dans les années 1960. L'Oural resta néanmoins un des piliers de la production soviétique d'acier avec 33 millions de tonnes en 1970, soit une fois et demie la production française de l'époque. Il a reçu par ailleurs plusieurs sites stratégiques du programme nucléaire soviétique, confirmant son rôle séculaire de « place d'armes » du pays.
Une reconversion difficile
Depuis la fin des années 1980, l'Oural ne joue plus de rôle essentiel dans l'activité extractive : il n'assure plus que 15 p. 100 de la production de fer et de bauxite, moins de 10 p. 100 de celle de nickel. Il n'est important que pour la production de cuivre, avec 30 à 40 p. 100 de la production nationale. La basse teneur des minerais et la faiblesse des réserves (sauf pour le fer) y obèrent cependant l'avenir. L'Oural n'a une part essentielle que pour l'extraction de l'[...]
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Écrit par
- André BLANC : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Nanterre, journaliste scientifique
- Pierre CARRIÈRE : agrégé de géographie, docteur d'État ès lettres
- Pascal MARCHAND : professeur à l'université de Lyon-II, chercheur au Centre Magellan, Université de Lyon-III
- Guy MENNESSIER : professeur titulaire de la faculté des sciences de l'université de Picardie
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Médias
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