BEN LADEN OUSSAMA (1957-2011)
Oussama ben Laden est l'un des cinquante-quatre enfants officiellement reconnus par Mohammed ben Laden, puissant entrepreneur de travaux publics d' Arabie Saoudite, responsable entre autres des chantiers de rénovation des lieux saints de La Mecque, de Médine et – avant 1967 – de Jérusalem. La famille Ben Laden est originaire de la province yéménite de l'Hadramaout, que le patriarche Mohammed a quitté pour s'installer à Djeddah en 1925. La mère d'Oussama, Alia Ghanem, née dans la ville syrienne de Lattaquié, n'a que seize ans lors de sa naissance, le 10 mars 1957 à Riyad, et Mohammed ben Laden ne tarde pas à la répudier, non sans la remarier avec un des cadres de sa société, lui aussi originaire de l'Hadramaout. Le jeune Oussama ben Laden, éduqué dans une école privée pour expatriés de Djeddah, est secrètement initié par l'un de ses enseignants syriens à la doctrine des Frères musulmans, dont il devient dès l'adolescence un militant actif. En 1974, il épouse une cousine maternelle, Najwa Ghanem, âgée de quatorze ans, qui lui donnera onze enfants, dont l'aîné, Abdallah, lui a valu son surnom traditionnel, Abou Abdallah (père d'Abdallah).
À partir de 1980, Oussama ben Laden effectue des allers-retours de plus en plus fréquents entre l'Arabie Saoudite et le Pakistan, pour apporter l'aide financière des Frères musulmans au djihad antisoviétique en Afghanistan. Il se lie avec Abdullah Azzam, un des dirigeants des Frères musulmans jordaniens, animateur d'une campagne internationale d'envoi de volontaires pour la guérilla afghane. Le refus des Frères musulmans de cautionner cette option militaire amène Azzam et Ben Laden à rompre avec la confrérie, puis à établir en 1984, dans la ville pakistanaise de Peshawar, un « Bureau des services », chargé d'acheminer combattants et soutien. Engagé brièvement en Afghanistan de 1986 à 1987, Ben Laden s'éloigne d'Azzam, pour qui le djihad afghan demeure une priorité, et épouse les thèses révolutionnaires d'un comploteur égyptien, Ayman al-Zawahiri. En août 1988, al-Zawahiri assiste Ben Laden dans la fondation d' Al-Qaida (la Base), une organisation clandestine dont Azzam est tenu écarté (ce dernier meurt dans un attentat à Peshawar en novembre 1989).
Ben Laden s'oppose, en août 1990, à la décision saoudienne de recourir aux forces américaines, face à la menace irakienne au Koweït. Expulsé vers le Soudan, où le retrouve al-Zawahiri, Ben Laden durcit le ton contre la monarchie wahhabite. En 1993, sa participation (inférieure à une dizaine de millions de dollars) à la fortune familiale est gelée et, l'année suivante, il est déchu de sa nationalité saoudienne. Revenu en Afghanistan en août 1996, il proclame le « djihad contre l' Amérique », accusée d'occuper l'Arabie. Les attentats contre les ambassades des États-Unis en Afrique orientale, deux ans plus tard, font de lui « l'ennemi public numéro un » des États-Unis, avec cinq millions de dollars offerts pour sa capture par le F.B.I. en juin 1999. Inspirateur des attentats du 11 septembre 2001, à New York et à Washington, Ben Laden est localisé et traqué dans le massif montagneux afghan de Tora Bora, à la mi-décembre. C'est le refus du Pentagone d'envoyer à sa poursuite suffisamment de troupes au sol qui lui permet de s'échapper au Pakistan.
Ben Laden apparaît publiquement pour la dernière fois en octobre 2004, lorsqu'il intervient en pleine campagne de la présidentielle américaine. Il se borne ensuite à émettre des messages sonores qui reflètent son éloignement progressif de la réalité arabe, sur fond de rejet d'Al-Qaida dans l'ensemble du monde musulman. Il demeure la figure tutélaire d'un réseau à vocation planétaire, auquel il donne des orientations générales, par le biais de messagers personnels[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Pierre FILIU : professeur à l'Institut d'études politiques de Paris
Classification
Autres références
-
AFGHANISTAN
- Écrit par Daniel BALLAND , Gilles DORRONSORO , Encyclopædia Universalis , Mir Mohammad Sediq FARHANG , Pierre GENTELLE , Sayed Qassem RESHTIA , Olivier ROY et Francine TISSOT
- 37 316 mots
- 19 médias
Or le seul véritable obstacle à la reconnaissance internationale du régime taliban a été la présence de Ben Laden sur le sol afghan. Celui-ci est arrivé au début de 1996 à Jalalabad, chassé du Soudan sous la pression américaine. Il est entré en contact avec les talibans en octobre de la même... -
AL-QAIDA
- Écrit par Jean-Pierre FILIU
- 1 087 mots
L'organisation de la Base du Djihad, communément désignée sous l'appellation « la Base » (Al-Qaida), a été fondée en août 1988 dans la banlieue de la ville pakistanaise de Peshawar par Oussama ben Laden. Alors que le retrait de l'Armée rouge d'Afghanistan était en cours,...
-
ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE 2001
- Écrit par Christophe PÉRY
- 220 mots
Si les intérêts américains avaient déjà été la cible d'attentats, par le passé, à travers le monde, jamais, depuis l'assaut japonais contre Pearl Harbor, en décembre 1941, les États-Unis n'avaient subi sur leur territoire de tels « actes de guerre » – selon les termes du président George W....
-
BUSH GEORGE W. (1946- )
- Écrit par Annick FOUCRIER
- 1 634 mots
- 1 média
Quarante-troisième président des États-Unis (2001-2009), George Walker Bush est l'aîné des six enfants du président George Herbert Walker Bush et le petit-fils du sénateur du Connecticut et banquier Prescott Bush. Il est né le 6 juillet 1946 à New Haven (Connecticut) alors que son père, après...
- Afficher les 11 références