OUTRE-MER FRANCE D'
La conquête et l’exploitation de l’outre-mer
Quand la France s’empare de ces territoires à partir du xvie siècle, elle se retrouve face à des civilisations considérées comme singulières, en Océanie ou aux Comores particulièrement, ou à des contrées inhabitées, comme à La Réunion. Les Indiens de la Caraïbe n’ont pas résisté au choc microbien ni aux raids esclavagistes des premiers colons espagnols, et les Mélanésiens et Polynésiens ont été près de disparaître au début du xxe siècle, à cause des nombreuses maladies introduites par les Européens dans les îles du Pacifique. Ainsi, les conséquences de la colonisation ont été généralement funestes, sans compter l’évangélisation et les regroupements forcés de population, les spoliations de terres, ou les expositions dans les zoos humains. La Nouvelle-Calédonie est certainement l’exemple le plus édifiant, car il s’agissait d’une colonie de peuplement avec accaparement des terres par les colons et cantonnement des autochtones. Le mode de vie kanak fut totalement perturbé par la perte de terres agricoles, de lieux de chasse ou de pêche ; des clans furent déplacés et déracinés.
Une conquête en deux temps
On peut distinguer deux périodes dans le mouvement d’appropriation des territoires ultramarins : de 1536 à 1664, la France s’empare de ce qui correspond aujourd’hui aux DROM et à Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre-et-Miquelon ; des années 1840 jusqu’au début du xxe siècle, le reste de la France ultramarine actuelle est annexé.
La valorisation des conquêtes d’Ancien Régime dans les océans Atlantique et Indien a reposé principalement sur la canne à sucre, une culture qui marquera profondément la société, les paysages et l’économie. Nécessitant une main-d’œuvre importante, les colons se sont tournés vers l’Afrique et la traite négrière. En 1685, le Code noir pour les possessions françaises d’outre-Atlantique est promulgué. Il donne un « statut juridique » à l’esclave, légalisant les châtiments corporels ou édictant que l’enfant d’une esclave est forcément esclave. Lors de l’abolition de l’esclavage, en 1848, les deux tiers de la population de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane et de La Réunion ont le statut d’esclaves. De cette histoire sont nées à la fois les langues créoles, fruit de la diversité dialectale des colons français et des esclaves africains, et des sociétés originales, composées de populations allochtones, qui se sont très largement métissées. En devenant des DOM en 1946, ces quatre « vieilles colonies » outre-Atlantique ont vu arriver de nombreux métropolitains, du fait notamment du gonflement des effectifs de l’administration publique.
La seconde phase de conquête, qui a lieu au xixe siècle, concerne des civilisations très éloignées de l’Occident ; celles-ci ont été colonisées, non sans résistances, comme le rappelle, dans le Pacifique, la guerre entre la France et Tahiti de 1844 à 1847, celle entre la France et les Îles-Sous-le-Vent de 1886 à 1897 ou encore, en Nouvelle-Calédonie, la grande révolte kanak de 1878-1879. La France s’installe dans ces contrées lointaines, afin de se doter de points d’escale dans l’océan Pacifique et, en Nouvelle-Calédonie, pour fonder une colonie pénitentiaire à partir de 1863, à la suite du bagne guyanais.
Une exploitation coloniale tournée vers la métropole
L’exploitation de ces nouveaux territoires n’avait pas pour objectif leur développement mais devait assurer la prospérité de la métropole, qui avait mis en place le principe du commerce exclusif, interdisant aux colonies toute relation commerciale avec l’étranger. La métropole avait donc le monopole du commerce et les colonies n’avaient pas le droit de développer des activités pouvant concurrencer celles de la métropole. L’outre-mer était la chasse gardée du capitalisme commercial[...]
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Écrit par
- Jean-Christophe GAY : agrégé de géographie, professeur des Universités, université Côte d'Azur
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