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SARASATE PABLO DE (1844-1908)

Le violoniste et compositeur espagnol Pablo de Sarasate s'inscrit dans la lignée de l'école franco-belge du violon, héritier de François Antoine Habeneck par Delphin Alard.

Pablo Martín Melitón de Sarasate y Navascuéz naît à Pampelune, en Navarre, le 10 mars 1844. Il a cinq ans à peine quand il commence à jouer du violon et huit ans lors de son premier concert public, à La Corogne. Son talent exceptionnel lui vaut d'obtenir une bourse pour venir travailler à Madrid avec Manuel Rodríguez Sáez. La reine Isabelle II le remarque et lui permet d'aller se perfectionner au Conservatoire de Paris, où il est admis en 1856 ; il fréquente les classes de Delphin Alard (violon) et d'Henri Reber (harmonie), décroche en 1857 les premiers prix de violon et de solfège, puis un prix d'harmonie en 1859. Sa carrière internationale est rapidement lancée. Il remporte de mémorables succès lors des tournées qu'il effectue à travers toute l'Europe et dans les deux Amériques (1867-1871 et 1889-1890). Pablo de Sarasate montre en effet une technique vertigineuse qui impressionne tout autant le grand public que les amateurs les plus sourcilleux. Son style est très nouveau, comparé à celui de Joseph Joachim, considéré comme le plus grand violoniste de l'époque : vibrato rapide, portamento varié et parfaitement maîtrisé, quête des sonorités les plus charmeuses, agilité et précision rythmiques mais aussi pureté toute classique de l'expression. Une rigueur et une sobriété qui, prises alors pour de la froideur, lui vaudront de nombreuses critiques ; il n'est jamais très facile d'être en avance sur son temps.

Les compositeurs du moment, fascinés, ne s'y sont pourtant pas trompés. En témoignent les nombreuses œuvres qui ont été composées à l'intention de Pablo de Sarasate, parmi lesquelles le Deuxième Concerto pour violon et la Fantaisie écossaise de Max Bruch, Mazurek d'Antonín Dvořák, la Symphonie espagnole et le Concerto pour violon d'Édouard Lalo, le Troisième Concerto pour violon, opus 61, et l'Introduction et rondo capriccioso de Camille Saint-Saëns, le Deuxième Concerto pour violon de Henryk Wieniawski ; Joachim lui-même écrit pour Sarasate les Variations pour violon et orchestre. Voilà qui laisse deviner des moyens et des qualités expressives hors du commun. Sarasate formera un quatuor à cordes (1860-1870) qui inscrira souvent les quatuors de Brahms à ses programmes, alors que le soliste triomphant se refusera toujours, pour des raisons restées inexpliquées, à interpréter le Concerto pour violon de ce dernier. Son répertoire s'étend en revanche à des compositeurs comme Joachim Raff ou Karl Goldmark. La difficile Fantaisie pour violon et piano, en ut majeur, D 934, de Schubert est l'un de ses plus remarquables chevaux de bataille. Pablo de Sarasate a joué sur de nombreux violons précieux, parmi lesquels deux Stradivarius – le « Boissier », de 1713, et un instrument de 1724, son favori, qui est conservé au musée instrumental du Conservatoire de Paris – et le fameux Guarnerius del Gesù de 1742 qui avait appartenu à Ferdinand David, créateur du concerto de Mendelssohn, et qui passera dans les mains de Jascha Heifetz.

Le compositeur a laissé 54 opus, pour la plupart des pièces de haute virtuosité – dont se détachent Zigeunerweisen, pour violon et orchestre, opus 20 (« Airs bohémiens », son œuvre la plus populaire, 1878), Fantaisie sur « Carmen », pour violon et orchestre, opus 25 (1883), Jota aragonesa, pour violon et piano, opus 27 (1883), Navarra, pour deux violons et orchestre, opus 33 (1889), Jota de San Fermín, pour violon et piano, opus 36 (1894) – et quatre livres de Danses espagnoles, pour violon et piano, opus 21, 22, 23 et 26 (1878, 1879, 1880, 1882), dont l'exotisme ibérique et la veine mélodique ont de tout temps séduit le plus vaste[...]

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