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PACO DE LUCÍA (1947-2014)

Paco de Lucía - crédits : Martial Trezzini/ EPA

Paco de Lucía

Par sa virtuosité, sa sensibilité et son audace, le maître de la guitare espagnole Paco de Lucía a donné au flamenco un rayonnement planétaire. Tout au long de sa vie, cet autodidacte andalou a fait évoluer la guitare flamenca en la mêlant à divers univers musicaux tels que la musique espagnole classique, les musiques brésiliennes ou encore le jazz.

Entre tradition et expérimentation

Francisco Sánchez Gómez voit le jour le 21 décembre 1947 à Algésiras dans la province de Cadix. Si ses parents ne sont pas gitans, le flamenco fait partie du quotidien de cette famille très modeste. Le jeune Francisco abandonne l’école très tôt, travaille la guitare d’arrache-pied avec son père et son frère Ramón et subvient en partie aux besoins de la famille en se produisant dès l’âge de douze ans, notamment avec son frère Pepe, avec qui il enregistrera en 1963 un premier album en duo : Los chiquitos de Algeciras.

Conformément à la tradition flamenca, le jeune homme est tout d’abord engagé pour accompagner les prestations de danseurs et, à l’âge de quatorze ans, part en tournée aux États-Unis avec la compagnie de danse de José Gréco. Il y rencontre Sabicas et Mario Escudero, deux guitaristes espagnols renommés qui l’encouragent à mener une carrière de soliste. Comme son frère Pepe, chanteur de flamenco, Paco (diminutif de Francisco) choisit le pseudonyme de Lucía, le prénom de leur mère, tandis que Ramón choisit d’accoler à son prénom « de Algeciras », du nom de leur ville d’origine.

À partir des années 1960, Paco de Lucía multiplie performances scéniques et enregistrements d’albums, notamment en duo avec le guitariste Ricardo Modrego. S’il se distingue par sa sûreté technique et la puissance de son jeu, son style n’est pas encore très affirmé. En 1968, il commence avec le chanteur Fosforito l’enregistrement d’une des anthologies les plus importantes de l’histoire du chant flamenco. L’année suivante, il rencontre Camarón de la Isla, jeune chanteur gitan de la région de Cadix dont la voix et la force émotionnelle hors du commun, associée à la virtuosité du guitariste bousculent les conventions. Ensemble, ils donnent de mémorables concerts et enregistrent plusieurs albums phare. Cette association, qui restera parmi les plus marquantes de l’histoire du flamenco, durera jusqu’en 1977.

Dans ses premières œuvres en soliste telles que La fabulosa guitarra de Paco de Lucía (1967), Fantasía flamenca (1969) et El duende flamenco(1972), la personnalité du guitariste s’affirme : variations mélodiques originales, accords peu usités dans le flamenco… Sur Fuente y caudal, album de 1973, Philips rajoute au dernier moment le titre « Entre dos aguas », une rumba avec bongos et basse électrique, qui remportera un énorme succès en Espagne, faisant de Paco de Lucía une star dans son pays. Quelques mois après la mort de Franco, le guitariste publie Almoraima (1976). Comme le reste de l’Espagne, il étouffe dans le cadre de la tradition ; il veut sortir le flamenco du purisme qui l’enferme dans des formes trop figées, sans pour autant renoncer à sa culture. Sur cet album, il dialogue avec les musiques brésiliennes et orientales, en jouant notamment du oud.

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Écrit par

  • : documentaliste, chroniqueur pour Django Station, Trad Magazine

Classification

Média

Paco de Lucía - crédits : Martial Trezzini/ EPA

Paco de Lucía

Autres références

  • GALVÁN ISRAEL (1973- )

    • Écrit par
    • 960 mots
    • 1 média
    ...crée alors des pièces très personnelles, inspirées par Franz Kafka (La Metamorfosis, 2000), par le compositeur Gerardo Núñez qui, dans le sillage de Paco de Lucía, l'entraîne sur les scènes de festivals de jazz (Galvánicas, 2002), et par le thème de la tauromachie (Arena, 2004). Durant cette...