PADMASAMBHAVA (2e moitié VIIIe s.)
Philosophe indien du bouddhisme tantrique, Padmasambhava est aussi appelé Padmavajra, Padmākāra. Bien que la littérature hagiographique ait fait de lui l'introducteur du bouddhisme au Tibet, le Padmasambhava historique fut, en réalité, un personnage nettement plus effacé.
Né dans l'Uddiyāna au sein d'une famille apparentée à la dynastie régnante, il portait d'abord le nom de Padmakulisha ; celui de Padmasambhava ne lui fut conféré qu'à la fin de ses études sur les tāntra. Il étudia à l'université de Vikramashīla, qui concurrença et supplanta Nālandā. Chargé d'un poste officiel auprès du souverain d'Uddiyāna, Hayalīla, il fut forcé, à la mort de celui-ci, de fuir le pays et se rendit au Magadha, au Kāmarūpa (Bengale) et au Népal. Il revint ensuite en Uddiyāna.
Ce sont ses connaissances magico-alchimiques qui le firent appeler au Tibet, par le roi Khri-srong-lde-brstan, sur le conseil de Shāntarakshita, autre maître bouddhiste indien déjà établi dans le pays. Padmasambhava alla donc au pays des Neiges pour dompter les démons qui s'opposaient à l'implantation du bouddhisme et triompher des Bon-po dans des joutes oratoires et des concours de magie. Son nom reste lié à la fondation du monastère de Bsamyas, construit en 775 environ, sur le modèle d'Odantapuri au Bihar. Padmasambhava ne séjourna au Tibet que dix-huit mois, et non cinquante ans comme l'affirme la tradition. Il semble qu'il ait été forcé de quitter le pays devant les menaces de gens qui voulaient attenter à sa vie. Padmasambhava a pris une toute autre importance dans la religion lamaïque. Assez vite il fut regardé comme un nouveau Bouddha venu sur terre pour sauver les êtres. Il aurait eu comme supériorité sur tous les autres bouddhas d'être né d'un lotus (padma) et non d'une matrice humaine. Ancêtre spirituel des rNying-ma-pa (secte des Anciens, Église dite rouge), il fut combattu par les Dge-lugs-pa (secte des Bonnets jaunes), qui ne réussirent pas à le faire disparaître ni même à faire diminuer sa popularité. Il est le magicien par excellence, le yogin, le siddha. Les rNying-ma-pa lui attribuent de nombreux ouvrages, qui seraient restés cachés de manière à n'être découverts que lorsque les hommes auraient acquis une plus grande maturité : ce sont les fameux gter-ma, qui ont fleuri à toutes les époques et dont les « inventeurs » sont appelés gter-ston. Très populaire dans le peuple aussi bien que chez les religieux, Padmasambhava est représenté partout. Sa légende, embellie par l'imagination des bardes, a été conservée dans le Pad-ma-thaṅ-yig, le Dit de Padma.
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Écrit par
- Jean-Christian COPPIETERS : remisier près la Bourse de commerce de Paris
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