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PAIRS DE FRANCE

L'institution d'une Chambre des pairs, dans la Charte de 1814, répondait à l'utilité, alors généralement admise, d'avoir deux chambres dans un système représentatif bien équilibré et aussi d'appuyer, comme en Angleterre, l'autorité du trône sur une aristocratie. Mais, si la Chambre des pairs remplit bien en effet sa fonction de Chambre haute, bloquant ou modifiant en plusieurs occasions les initiatives de la Chambre des députés, elle ne fut jamais vraiment, comme c'était le cas dans le modèle anglais, la représentation véritable d'une « pairie » qui aurait été la crème d'une aristocratie héréditaire. La façon dont furent désignés les premiers pairs de France en 1814 donne dès le début une orientation différente : Louis XVIII y plaça, avec quelques représentants d'anciennes familles nobles, les restes du Sénat napoléonien et des illustrations du régime impérial qu'il cherchait à rallier. Plus tard, la pairie devint une sorte de sinécure compensatoire pour ministres évincés et politiciens déçus. D'autre part, les péripéties de la politique amenèrent deux fois des gouvernements (celui de Decazes en mars 1819 et celui de Villèle à la fin de 1827) à y faire des infusions massives de leurs partisans pour changer la majorité de la Chambre haute, si bien que de 1814 à 1830 le nombre des pairs passa de 154 à 365. La suppression de l'hérédité de la pairie (29 déc. 1831) fit disparaître toute chance de voir à la longue émerger une pairie assez indépendante pour équilibrer les autres grands pouvoirs. Elle ne fut plus qu'un atout dans le jeu du roi, auquel revenait le droit de nomination. L'Assemblée siégeant au Luxembourg, plus docile que celle de la Restauration, comptait 305 membres en 1848.

— Guillaume de BERTHIER DE SAUVIGNY

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