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BREST-LITOVSK PAIX DE (mars 1918)

Au lendemain de la révolution d'Octobre, le 26 octobre (8 novembre) 1917, le Congrès des soviets promulgue un décret demandant l'ouverture immédiate de pourparlers de paix avec les puissances centrales, mais les pays de l'Entente se déclarent absolument opposés à cette proposition. Le gouvernement bolchevique engage malgré tout séparément des négociations au début de décembre 1917. L'armistice entre la Russie soviétique et les puissances centrales est signé le 15 décembre à Brest-Litovsk (Biélorussie). Les pourparlers de paix s'ouvrent une semaine plus tard. Les conditions proposées par les puissances centrales apparaissent comme exorbitantes quant à la superficie que doit céder la Russie soviétique. Lénine est favorable à la paix, à n'importe quel prix, afin de gagner le temps nécessaire à assurer la victoire de la révolution en Russie : une révolution en Europe rendra ultérieurement caduc tout accord passé avec les empires centraux. La position de Lénine provoque de vives divergences parmi les bolcheviks et elle est la source de discussions orageuses au comité central. Les « communistes de gauche » animés par Boukharine se déclarent violemment hostiles à tout accord de paix et préconisent le passage à la guerre révolutionnaire contre l'impérialisme. Trotski, alors commissaire du peuple aux Affaires étrangères et chef de la délégation soviétique à Brest-Litovsk, est tout aussi opposé à la signature de la paix qu'à la poursuite de la guerre.

Paix de Brest-Litovsk, mars 1918 - crédits : Mondadori Portfolio/ Getty Images

Paix de Brest-Litovsk, mars 1918

Le 9 février 1918, l'Allemagne et ses alliés signent une paix séparée avec la rada d'Ukraine qui leur demande protection contre la Russie soviétique. Le lendemain, ils adressent un ultimatum à celle-ci. Trotski, fidèle à sa position, déclare alors que les pourparlers sont rompus mais que l'armée sera démobilisée. Les troupes allemandes reprennent leur avance. Lénine parvient à convaincre Trotski et à le rallier à son point de vue si bien que, le 18 février, le comité central vote par sept voix contre cinq l'acceptation des conditions allemandes. Mais, devant la poursuite de l'avance allemande, la « patrie socialiste est déclarée en danger » le 21 février, qui voit aussi le début de la création de l'Armée rouge. Le lendemain, l'Allemagne fait connaître ses nouvelles conditions encore plus draconiennes que les précédentes. La paix est conclue le 3 mars, signée par G. I. Sokolnikov, G. V. Tchitchérine et G. I. Petrovski du côté soviétique avec l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, la Turquie et la Bulgarie.

La Russie perd environ un million de kilomètres carrés à l'ouest (Pologne, Lituanie, une partie de la Biélorussie et de la Lettonie), doit évacuer les territoires de la Baltique (Livonie, Estonie), abandonne l'Ukraine et la Finlande, doit remettre une partie du Caucase aux mains de la Turquie, s'engage à démobiliser — y compris les formations de l'Armée rouge — et doit verser une indemnité de guerre. L'accord sur les clauses financières est conclu le 27 août 1918 à Berlin. La paix de Brest-Litovsk est annulée lors de la capitulation allemande par l'armistice signé à Rethondes le 11 novembre 1918, mesure confirmée par le gouvernement soviétique deux jours plus tard.

— Georges HAUPT

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Écrit par

  • : sous-directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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Paix de Brest-Litovsk, mars 1918 - crédits : Mondadori Portfolio/ Getty Images

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