PALAFITTES
La grande richesse archéologique des palafittes
Quoi qu'il en soit du caractère littoral ou franchement lacustre des couches archéologiques, leur extraordinaire richesse doit être vigoureusement soulignée. Même si on laisse de côté les dizaines de milliers de pieux, de rondins, de poutres, de planches et d'assemblages se rapportant aux fondations, aux murs, aux charpentes et aux ouvertures, il est bon de rappeler que, par exemple, les vingt-huit stations du lac de Bienne avaient livré, avant 1930, plus de 20 000 objets dont les trois quarts se rapportent au Néolithique et le reste au Bronze. Les palafittes du lac du Bourget, quatre fois moins nombreux, ont fourni au cours des fouilles, pourtant sommaires, environ 5 000 pièces de bronze, dont une incomparable collection de près de 800 épingles, près de 250 bracelets, des centaines d'anneaux, perles, poinçons, clous, aiguilles, une quarantaine de haches, une quinzaine de lances, etc. Il faut y ajouter une cinquantaine de moules de fondeurs et autant de beaux vases intacts ou presque. Les habitats de marais, dont les structures rappellent si étroitement celles des palafittes, ne sont pas moins fertiles bien que la récolte archéologique ne se fasse plus sous les cabanes mais en dehors, dans les ruelles et les fosses-poubelles. Le petit village d'Ehrenstein (Wurtemberg) détenait 44 haches polies, une centaine de grattoirs, une quarantaine de lames de silex, une demi-douzaine de scies et autant de pointes de flèches, 80 meules à main, une cinquantaine de poinçons et autant de ciseaux en os, 21 ciseaux en corne de cerf et d'innombrables emmanchures dans le même matériau, des milliers de tessons ou de poteries entières, dont 110 cruches et des terrines en plus grand nombre, des coupes, des pots cylindroïdes ou tulipiformes, des cuillers, des assiettes, etc.
Mais l'intérêt de toutes ces trouvailles ne réside pas seulement dans leur nombre et leur qualité permettant une reconstitution correcte des modes de vie passés. En effet, dans quelques palafittes se trouvent deux ou trois couches archéologiques séparées par des niveaux stériles. Des stratigraphies, aussi intéressantes que celles des grottes françaises ou ibériques, viennent donc jeter un peu de lumière sur la succession des civilisations.
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Écrit par
- Raymond RIQUET : docteur en médecine, docteur ès science, chargé de cours d'anthropologie à la faculté des sciences de Bordeaux
Classification
Média
Autres références
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EUROPE, préhistoire et protohistoire
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