LOUVRE PALAIS DU
Le musée
Toujours en voie d'achèvement, le Louvre est appelé à une nouvelle destination, non moins symbolique que la précédente : devenir le palais des Arts du royaume. Non seulement l'immense palais renfermait d'importantes collections d'œuvres d'art, mais encore des services administratifs et « culturels ». Dès 1640, l'Imprimerie royale y était installée ; à partir de 1672, ce sont les académies royales qui y siègent à demeure. Au xviiie siècle, la destination du palais prend un caractère irréversible : le Salon de peinture s'y déroule régulièrement tous les deux ans, tandis que l'École royale des élèves protégés forme les jeunes peintres. Les artistes eux-mêmes, qui y sont logés avec leur famille, ont un atelier sur place. La colonnade de Perrault, considérée comme un chef-d'œuvre de l'art classique, est enfin dégagée en 1776 des constructions parasitaires qui l'encombraient. Mais, malgré d'innombrables projets de place devant cette façade ou d'agrandissement du palais vers l'ouest, le xviiie siècle se bornera à quelques aménagements intérieurs (salles d'exposition par De Wailly ; projet d'éclairage zénithal de la grande galerie par Hubert Robert).
C'est à la Convention que revient le mérite de la création du Muséum central des arts (1792), et à Napoléon Ier celui de la reprise des grands travaux de construction. De 1802 à 1815, Dominique Vivant Denon est nommé à la tête du musée. Les architectes du palais impérial des Tuileries, Percier et Fontaine, réalisent successivement : l'arc de triomphe du Carrousel (1801-1806), l'achèvement des façades sur la cour Carrée (1801-1810), l'aménagement de nouvelles salles du musée et, surtout, l'amorce de l'aile nord, entre les Tuileries et la place du Carrousel, en bordure de la rue de Rivoli nouvellement tracée (1806-1812). Napoléon III, qui continue l'œuvre inachevée du premier Empire, réalise l'uniformisation de toutes les parties du Louvre en créant un type d'architecture historique, somptueuse et grandiloquente, où le talent de ses deux architectes, L. T. Visconti et H. M. Lefuel, s'est déployé avec beaucoup d'opportunité : l'aile nord est complétée par les façades de la rue de Rivoli ; les deux ailes du Louvre sont doublées du côté des jardins et les guichets sont ouverts au niveau du pont du Carrousel ; les pavillons de Flore et de Marsan reçoivent une nouvelle décoration...
Le musée du Louvre, ainsi achevé, échappe à l'incendie de la Commune qui ravage les Tuileries : en 1882, celles-ci sont totalement rasées, laissant un espace libre au déploiement de la plus vaste perspective de Paris. Le palais du Louvre, totalement réaménagé à l'intérieur, entre 1934 et 1939, ne subit plus que des restaurations, ou des restitutions, tel le dégagement du soubassement de la colonnade en 1964-1967. En 1981, le président François Mitterrand annonce le projet du Grand Louvre : étendre le musée à l'ensemble du palais en lui donnant l'aile nord, construite sous Napoléon III et occupée par le ministère des Finances depuis 1871. En novembre 1993, l'aile Richelieu est inaugurée, une première phase de travaux (1983-1989) ayant porté – au milieu de polémiques parfois violentes – sur l'aménagement de la cour Napoléon au centre de laquelle s'élève une pyramide de verre marquant l'entrée principale (1989). En 1994, les salles de sculpture de l'aile Denon ont été ouvertes. L'ensemble du projet, réalisé en un laps de temps remarquablement court, est dû à l'architecte américain d'origine chinoise, Ieoh Ming Pei. De toute façon ne sera pas résolu – malgré l'effort de modernisation – le problème de l'inadéquation d'un édifice de prestige, qui a reçu en 1997 5 175 000 visiteurs et plus de 9 millions en 2019, aux exigences de la muséographie moderne.[...]
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Écrit par
- Daniel RABREAU : professeur à l'université de Paris-I-Sorbonne, directeur du centre Ledoux
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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