- 1. Des pierres de foudre à l’archéologie préhistorique
- 2. Les premiers hommes fossiles
- 3. L’homme antédiluvien
- 4. La découverte de l’homme de Néandertal et de la race de Cro-Magnon
- 5. « Le chaînon manquant » du singe à l’homme
- 6. L’homme de Piltdown et la théorie des présapiens
- 7. Le berceau de l’humanité se promène : de l’Asie vers l’Afrique
- 8. Bibliographie
PALÉOANTHROPOLOGIE ou PALÉONTOLOGIE HUMAINE
Dès la plus haute antiquité, l'humanité s'est penchée sur ses origines, comme en témoignent les mythologies antiques, de l’Égypte à la Grèce, ou encore le monument mégalithique de Stonehenge (Wiltshire, Angleterre) édifié il y a près de 5 000 ans : tous ont tenté de tresser, entre les dieux et les hommes ou le ciel et la terre, un fil ininterrompu. La Bible elle-même, avec la Genèse, racontera la naissance de l’homme et, à partir de Noé dressera la « généalogie des nations ». Il était inévitable que l'homme, le seul organisme vivant sur terre ayant accédé à la conscience et à la liberté, s'interrogeât, après 3 millions d'années d'histoire, sur son origine, sa place dans la nature et son éventuelle raison d'être dans l'Univers.
Avant la découverte des premiers restes d’hommes fossiles, au début du xixe siècle, le lent cheminement des idées sur l’origine de l’homme suivait un cours capricieux et chaotique. Évoquées avec prudence par les libres penseurs, les naturalistes, les philosophes et les érudits, les conceptions novatrices qui s'opposent à la tradition biblique, demeurent purement spéculatives. Malgré une indéniable circulation des idées, les nombreuses observations des savants et naturalistes (celles de Michel Mercati et Buffon, d’Isaac de La Peyrère et de bien d’autres), n'ont manifestement pas été reliées entre elles. D’une certaine manière, aux xviie et xviiie siècles, toutes les choses importantes semblaient avoir déjà été dites, sans avoir, pour autant, été démontrées.
L'histoire de la paléoanthropologie ne débute réellement qu'au cours de la première moitié du xixe siècle, au moment où les idées en place vont peu à peu fusionner. La découverte des premiers restes d'hommes préhistoriques, dans les années 1820, mettra rapidement en jeu trois nouvelles conceptions : celle de l'histoire de la Terre, avec la notion de l'immensité des durées ; celle de la nature, avec l'avènement du transformisme s'opposant à la permanence des espèces et celle de la place de l'homme dans la nature, au voisinage immédiat des grands singes. La convergence de ces trois thèmes, qui connurent vers la fin du xixe siècle un formidable essor, constitue la trame même de l'histoire biologique de l'homme, dès lors indépendante du « sentiment de l'existence de quelque chose qui dépasse infiniment l'homme ». Ainsi, quelles que soient les préoccupations métaphysiques, l'homme est peu à peu perçu comme le produit d'une histoire.
Des pierres de foudre à l’archéologie préhistorique
La présence de l'homme fossile ne sera longtemps pressentie que par les traces de son activité, à commencer par l'existence de ces pierres que l’on croit tombées avec la foudre – d'où leur nom de « pierres de foudre » – et qui n'étaient autres que des haches polies ou des pointes de flèches en silex. Quand bien même l'on doit à des auteurs anonymes, dès le xvie siècle, les premières lueurs de vérité à leur sujet, à en croire Michel Mercati dans sa célèbre Metallotheca (1570, publiée en 1717), ce n'est qu'en 1723 qu'Antoine de Jussieu (1686-1758), devant l'Académie royale des sciences, identifia ces « pierres de foudre » comme des objets travaillés par analogie avec ceux des « sauvages » de l'Amérique. Cette idée fut reprise quelques années plus tard, en 1730, par Mahudel dans un mémoire lu devant l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Mais ces hommes étaient en avance sur leur siècle, si bien que leurs conclusions, pourtant pleines de bon sens, n'ouvrirent aucune voie nouvelle. Vers la fin du xviiie siècle, l'Anglais John Frere présenta, devant la Société des antiquaires de Londres, des outils de pierre – de véritables[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Herbert THOMAS : sous-directeur honoraire au Collège de France
Classification
Médias
Autres références
-
AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire
- Écrit par Augustin HOLL
- 6 326 mots
- 3 médias
Les recherches sur les origines de l'humanité sont pluridisciplinaires par nécessité et se composent d'une vaste panoplie dedisciplines faisant partie de ce que l'on peut appeler la « nébuleuse paléoanthropologie ». La branche archéologique se concentre sur l'étude des produits des activités hominidés/humaines... -
AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie
- Écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER , Danièle LAVALLÉE et Catherine LEFORT
- 18 105 mots
- 9 médias
Aucun anthropoïde actuel ou fossile qui puisse être ancêtre ou cousin d'un rameau humain n'a jamais été découvert en Amérique, où les plus anciens restes humains retrouvés ne remontent guère au-delà de 10 000 ou 11 000 ans et appartiennent presque tous à la variété mongoloïde de ... -
ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Aménagement des sites
- Écrit par Jean-Pierre MOHEN et Jean-François REYNAUD
- 5 946 mots
- 3 médias
Le chantier de fouilles ouvert en 1964 par Henry de Lumley dans la Caune de l'Arago (Pyrénées-Orientales) continue à être décapé. On y a trouvé plus de cent vestiges humains dont le crâne de l'homme de Tautavel « le premier Français », vieux de 400 000 ans. Le matériel archéologique est... -
ATAPUERCA, site préhistorique
- Écrit par Jean-Jacques HUBLIN
- 1 049 mots
Les gisements du complexe d'Atapuerca en Espagne ont acquis une renommée mondiale à la suite des découvertes qui y ont été faites à partir de 1980. Ces sites ont apporté des informations d'une importance exceptionnelle sur les premiers peuplements de l'Europe et sur l'origine des ...
- Afficher les 78 références