- 1. Des pierres de foudre à l’archéologie préhistorique
- 2. Les premiers hommes fossiles
- 3. L’homme antédiluvien
- 4. La découverte de l’homme de Néandertal et de la race de Cro-Magnon
- 5. « Le chaînon manquant » du singe à l’homme
- 6. L’homme de Piltdown et la théorie des présapiens
- 7. Le berceau de l’humanité se promène : de l’Asie vers l’Afrique
- 8. Bibliographie
PALÉOANTHROPOLOGIE ou PALÉONTOLOGIE HUMAINE
Les premiers hommes fossiles
Malgré tout, certains de ces pionniers demeurent eux-mêmes sur la défensive, imprégnés par les idées d'une époque entièrement dominée par l'autorité de Georges Cuvier (1769-1832) qui avait, à diverses reprises, cru démontrer l'inexistence des hommes fossiles en faisant table rase des erreurs du passé. Tel fut le cas du baron Von Schlottheim, qui signala, en 1820, des os humains exhumés d'une grotte près de Köstriz en Saxe, accompagnés des vestiges d'une faune antédiluvienne parmi lesquels ceux d’un rhinocéros. Sur les instances de Cuvier, Schlottheim s'empressa de faire connaître les doutes qu'il avait lui-même sur le gisement. En 1823, l'Anglais William Buckland fit connaître à son tour, dans ses célèbres Reliquiae diluvianae, la découverte d'un squelette humain (caverne à Paviland, pays de Galles), qu'il surnomma la « dame rouge » et qui était associé à des ossements d'une faune éteinte. En dépit de ses fouilles minutieuses et de ses observations pourtant rigoureuses, Buckland se réfugie derrière les présupposés de l'époque : pour lui, l'occupation de la grotte datait de l'invasion romaine.
La même année, le géologue autrichien Ami Boué (1794-1881) exhuma des lœss anciens, qui affleurent près de Lahr sur les rives du Rhin, un autre squelette humain qu'il considéra comme fossile puisqu’il était également associé à des restes d'animaux disparus. Cuvier rejeta les conclusions d'Ami Boué, estimant que les os humains pouvaient provenir d'anciens cimetières. Au vrai, l'illustre paléontologiste venait de publier son fameux Discours sur les révolutions de la surface du globe où il niait l'existence des hommes fossiles, du moins en Europe, alors même que plusieurs naturalistes du midi de la France, tels que François Benit Vatar de Jouannet, Marcel de Serres, Jules de Christol et Tournal découvraient à leur tour, dans des remplissages de grottes, de nouveaux restes humains associés à des os d'animaux éteints. Cuvier, mort en 1832, ne connaîtra pas les fouilles mémorables du médecin et paléontologue Philippe-Charles Schmerling qui, durant plusieurs années, s'était consacré à l'exploration méthodique des grottes à ossements des environs de Liège. Le mémoire de Schmerling, très détaillé tomba rapidement dans l'oubli ; son auteur venait pourtant d'établir les preuves de l'existence de l'homme fossile. En dépit de ces témoignages successifs, nul n'imaginait encore l’ancienneté de tous ces vestiges que l'on venait tour à tour d'exhumer. En réalité, comme l'affirmait Tournal, la géologie seule pouvait désormais « donner quelques notions sur l'époque de la première apparition de l'homme ».
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Écrit par
- Herbert THOMAS : sous-directeur honoraire au Collège de France
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