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PALÉOANTHROPOLOGIE ou PALÉONTOLOGIE HUMAINE

La découverte de l’homme de Néandertal et de la race de Cro-Magnon

C'est en 1857 que Karl Fühlrott, un jeune maître d'école, et Hermann Schaaffhausen de l'université de Bonn, annoncèrent la découverte d'un squelette humain fossile dans une grotte du ravin de Neanderthal près de Düsseldorf (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Le demi-siècle suivant verra ainsi, non sans mal, la reconnaissance des premiers groupes d'hominidés, au prix il est vrai d'innombrables polémiques qui rempliront les colonnes des revues scientifiques et de la grande presse.

Schaaffhausen, convaincu que la discontinuité entre l'homme et le singe n'était qu'apparente du fait que les formes intermédiaires n’étaient pas connues, considérait l'homme de Néandertal comme le représentant d'une race éteinte. Ses idées, pour ainsi dire transformistes avant la lettre, furent violemment combattues par l'un de ses compatriotes, Rudolf Virchow, l'influent et brillant pathologiste de Berlin, adversaire résolu de toute pensée évolutionniste. Comme les os de l’homme de Néandertal présentaient plusieurs particularités anatomiques inhabituelles telles que la proéminence des arcades sourcilières et la forte flexion du fémur, l'individu fut considéré comme pathologique. De part et d'autre du Rhin, comme en Grande-Bretagne, l'homme de Néandertal eut ses partisans et ses détracteurs selon que l'on était évolutionniste ou anti-évolutionniste. En dépit de la découverte en Belgique, au Trou de la Naulette (province de Namur), d’une mâchoire d'allure simienne parce que dépourvue de menton et qui préfigurait selon l'éminent anatomiste français Paul Broca « le premier anneau de la chaîne qui doit s'étendre de l'homme au singe », il fallut attendre la découverte, en 1886, de deux squelettes presque complets de Néandertaliens dans la grotte de Spy, dans la province de Namur, pour ruiner définitivement l'interprétation pathologique de l'homme de Néandertal. Virchow persista malgré tout dans son attitude négative. C'est au célèbre « chasseur » de dinosaures de l'Ouest américain, Edward Cope, que l'on doit d'avoir ressuscité vers la fin du xixe siècle le nom d'Homo neanderthalensis donné dès 1863 par William King, paléontologue anglais qui fut l'élève de Lyell.

En dehors de l'homme de Néandertal, deux autres découvertes, témoignant chacune de l'existence d'un nouveau type humain fossile, vont marquer cette seconde moitié du xixe siècle : celle, faite en 1868 aux Eyzies (France) de cinq squelettes de Cro-Magnon et, en 1891 et 1892, à Trinil, sur l’île de Java, celle des premiers vestiges osseux du fameux Pithécanthrope.

Les conditions de la découverte des hommes de Cro-Magnon, telles qu'elles furent rapportées par Louis Lartet, montraient que ces squelettes, qui remontaient à la dernière époque du Paléolithique, gisaient au milieu d'une multitude de coquilles marines suggérant clairement qu'il s'agissait d'une sépulture. En raison de leurs caractéristiques anatomiques qui ne présentaient rien d'exceptionnel, la reconnaissance du type de Cro-Magnon sera assez rapidement acceptée en dépit des discussions soulevées par Gabriel de Mortillet qui, anticlérical militant, ne pouvait admettre le fait que des hommes du Paléolithique enterrent leurs morts. Du moment qu'à l'abri de Cro-Magnon il semblait y avoir sépulture, Mortillet considérait que ces hommes appartenaient « simplement au commencement des temps actuels » c'est-à-dire au Néolithique.

Les multiples découvertes ultérieures effectuées en France (Laugerie-Basse, Bruniquel, à la Madeleine), comme en Italie (grottes de Grimaldi), ont permis d’établir l'existence, en 1874, d'une nouvelle « race » dite de Cro-Magnon à côté[...]

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