PALÉOGÉOGRAPHIE
Les facteurs responsables des visages successifs de la Terre
À grande échelle, la configuration géographique reflète essentiellement le tracé du contact entre terres émergées et océans. Les grands changements géographiques dépendent donc des mouvements des continents, c’est-à-dire de la tectonique des plaques. La position relative des continents change continuellement, modifiant lentement la géographie. Les ouvertures des rifts (qui découpent les continents et ouvrent de nouveaux océans) ainsi que les collisions entre les masses continentales (qui font disparaître un océan en l’écrasant et donnent naissance à des chaînes de montagnes) apportent des modifications majeures.
La nature des fonds océaniques est différente de celle des continents mais il faut noter que les terres émergées ne correspondent pas exactement aux continents tels qu’ils sont définis par les géologues. En effet, les eaux des océans ne restent pas confinées au-dessus des fonds océaniques mais elles empiètent largement sur les bordures des continents (les marges continentales). Le contour des terres émergées ne correspond donc pas, parfois loin s’en faut, à celui des continents. En outre, les grandes étendues marines ne sont pas toujours des océans, c’est-à-dire de l’eau qui occupe des dépressions dont le fond est de nature différente de celle des continents. Les eaux océaniques peuvent s’étendre sur les continents bien au-delà des marges : on parle alors de mers épicontinentales. La Manche et la Baltique en sont des exemples : leur fond est de nature continentale et non pas océanique. Aujourd’hui, de telles mers n’occupent pas de très grandes surfaces, mais, à diverses époques anciennes, elles ont recouvert de très grandes étendues continentales. Bien souvent, sur les cartes paléogéographiques, les mers épicontinentales ne sont pas représentées, ce qui fausse la vision du monde de l’époque. Ainsi, pendant une très grande partie de son histoire, l’Europe n’a été, géographiquement, qu’un archipel alors que, géologiquement, elle constituait un continent.
Si les eaux océaniques peuvent réduire la surface des continents, il arrive aussi que les fonds océaniques, normalement situés sous l’eau, participent à la formation des terres émergées. Cette situation résulte d’une obduction, c’est-à-dire du chevauchement de la croûte continentale par une partie de la croûte océanique. La contribution des fonds océaniques aux surfaces émergées est cependant très limitée.
L’isostasie, avec ses mouvements verticaux lents, intervient en modifiant les altitudes et parfois les contours côtiers. L’exemple des réajustements qui suivent les déglaciations est bien connu pour la région de la Baltique. Ainsi, lors des glaciations, les continents ont tendance à s’enfoncer et, lors de la fonte des glaces, ils ont tendance à remonter.
Une cause importante des changements géographiques est la variabilité des niveaux marins. La variation peut être globale, touchant tous les océans (on parle alors de mouvements eustatiques), ou simplement régionale. Elle entraîne soit une transgression, c’est-à-dire une avancée des eaux sur les terres, soit, au contraire, une régression, c’est-à-dire un retrait des eaux. Les changements de niveaux peuvent être très importants. Ainsi, il a été estimé que, au cours du Crétacé supérieur, vers 100 à 86 millions d’années (Ma), le niveau des océans se situait de 200 à 300 mètres au-dessus du niveau actuel. De telles hausses entraînent le développement de mers épicontinentales et réduisent les terres émergées. Inversement, au Permien, vers 270 à 250 Ma, le niveau se trouvait environ 200 à 250 mètres plus bas, ce qui a fortement agrandi les surfaces émergées.
Les variations du niveau des océans touchent indirectement l’intérieur des terres émergées. En effet, le niveau marin constitue le niveau de base des[...]
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Écrit par
- Jean-Claude RAGE : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
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