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PALÉOGRAPHIE

L'objet de la paléographie est, comme son nom l'indique, l'étude des anciennes écritures. Tout historien, tout philologue doit donc être paléographe, et il y a autant de paléographies qu'il y a d'écritures. Cependant, la paléographie n'est pas seulement l'art de déchiffrer les textes, c'est aussi celui de les dater, de les localiser, d'en critiquer l'authenticité : tel a même été le but des travaux du premier paléographe, le Français dom Mabillon au xviie siècle. Par la suite, une division du travail s'est opérée entre les érudits ; la critique des « documents », diplômes, chartes, actes notariés, etc., s'est constituée en discipline particulière, la diplomatique, tandis que la paléographie, étendant ses observations aux écritures « livresques », conquérait son autonomie et tendait à retracer l'histoire d'une écriture déterminée.

À l'origine, la paléographie a étudié toutes les formes de l'écriture, que celle-ci soit gravée sur pierre ou sur bronze, écrite au style sur les stucs, sur l'argile (graffiti) ou sur la cire, ou à l'encre sur poterie (ostracon), papyrus, parchemin ou papier ; au cours du xixe siècle, les paléographes ont été amenés à négliger les écritures gravées au profit des seules écritures « écrites » à l'encre alors connues, c'est-à-dire des documents et des manuscrits médiévaux ; le paléographe est devenu un médiéviste. L'étude des documents gravés s'est détachée de la paléographie sous le nom d'épigraphie ; au milieu du xixe siècle, celle-ci était encore l'art de rédiger des « épigraphes » (Dictionnaire de la conversation, t. VIII, 1854) ; elle est devenue l'étude des inscriptions et tout spécialement de celles des antiquités gréco-romaines.

La découverte des papyrus a ouvert à la paléographie un nouveau domaine : désormais, le paléographe ne peut plus se contenter d'être un médiéviste ; par là même, il est conduit à ne plus se désintéresser des inscriptions : il doit envisager l'histoire de l'écriture dans sa totalité. Mais, par ailleurs, l'étude plus approfondie de la confection des manuscrits a provoqué la création d'une nouvelle discipline : la codicologie.

Ce morcellement des disciplines était inévitable et s'est révélé fécond, mais il ne doit pas faire perdre de vue l'unité foncière de l'histoire de l'écriture : paléographie, épigraphie, papyrologie, codicologie sont des disciplines connexes qui étudient les mêmes documents sous des points de vue différents et qui, par conséquent, ne peuvent vivre qu'en symbiose.

Historiquement, les premières paléographies ont été grecques et latines ; actuellement encore, malgré l'existence de paléographies sémitiques, hébraïques, etc., lorsqu'on parle de paléographie, c'est le plus souvent aux écritures grecques ou latines que l'on pense. Loin de se distendre, les rapports entre les deux paléographies sont au contraire devenus plus étroits depuis la découverte des papyrus. L'écriture latine étant, originairement, une écriture grecque, les contacts entre les deux écritures n'ayant été rompus que tardivement, leurs évolutions ont été parallèles : elles se sont influencées mutuellement ; écrites avec les mêmes instruments sur les mêmes supports, elles relèvent des mêmes méthodes et l'on parle aujourd'hui non pas seulement d'une paléographie comparée du grec et du latin, mais même d'une paléographie gréco-latine.

Les écritures grecques (IVe s. av.-XVe s. apr. J.-C.)

Le fondateur de la paléographie grecque a été dom Bernard de Montfaucon, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, qui publia en 1707 une Palaeographia graeca : il a inventé le mot – qu'il emploie en français[...]

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Écrit par

  • : directeur d'étude à l'École pratique des hautes études (sciences historiques et philologiques)

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