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PALÉOGRAPHIE

Paléographie latine

La paléographie latine est née une trentaine d'années avant la paléographie grecque et dans des conditions très différentes : c'est en effet à la suite d'une polémique avec le bollandiste Daniel Papebroch sur l'authenticité des actes mérovingiens que dom Jean Mabillon, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, fut amené à publier en 1681 son De re diplomatica : la paléographie n'y occupait que les quatre derniers chapitres. Comme les premiers naturalistes dont il est le contemporain, Mabillon a cherché à classer les écritures d'après leurs formes extérieures : « Par la structure des plantes, on entend la composition et l'assemblage des pièces qui en forment le corps », écrivait Joseph Pitton de Tournefort dans ses Éléments de botanique (1694). Mabillon distingue donc trois types d'écritures romaines : uncialis ou capitalis, minuta ou minuscula, minuta forensis, et quatre types d'écritures « nationales » qu'il considère comme des créations originales : gothique, lombarde, franque, anglo-saxonne.

Cette classification fut réfutée par Scipion Maffei dans son Istoria diplomatica (1727). Maffei soutint le premier la thèse, universellement adoptée aujourd'hui, de l'unité originelle de l'écriture latine, les prétendues écritures « nationales » n'étant que des « dégénérescences » des écritures romaines.

Le chef-d'œuvre de l'école des « nomenclateurs » se trouve dans les six volumes du Nouveau Traité de diplomatique des deux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, dom Tassin et dom Toustain (1750-1765). La partie paléographique de leur traité est « une histoire abécédaire » où les auteurs s'efforçaient d'enseigner « l'art de déterminer l'âge et la patrie des caractères par la variété de la figure et des traits qu'ils ont contractés depuis leur origine jusqu'au xvie siècle » (t. II, p. 2). Classer ainsi les lettres d'après leur forme extérieure ne pouvait aboutir qu'à une classification arbitraire d'une complication extrême. De fait, celle des mauristes est à l'heure actuelle tout à fait inadéquate et souvent même incompréhensible.

L'étude du ductus

C'est à la fin du xixe siècle, dans l'Anleitung zur lateinischen Paläographie de W. Wattenbach (1866) et dans les travaux de Léopold Delisle, que de nouvelles tendances plus fructueuses s'affirmèrent : elles participent un peu du même esprit que celui qui depuis Cuvier anime les recherches du naturaliste. Ce n'est plus d'après leur forme que le paléographe étudie les lettres : il cherche à restituer le ductus, c'est-à-dire le mouvement de la plume qui les engendre ; il devient, comme disent les botanistes, un « généticien ».

Au début du xxe siècle, en Angleterre et en Autriche, deux calligraphes, Edward Johnston et Rudolph von Larisch, s'inspirent dans leurs recherches des manuscrits latins. Ils sont ainsi amenés à approfondir l'étude de la technique, à retrouver la forme et la tenue de la plume les mieux adaptées aux tracés des caractères anciens, à en préciser le ductus.

En France, et bien qu'ils ignorent alors les travaux de Johnston et de Larisch, des paléographes, vers 1938, conduisent leurs études suivant des méthodes analogues.

D'autre part, dès la fin du xixe siècle, Ludwig Traube assignait à la paléographie sa véritable place parmi les sciences historiques en considérant l'écriture comme l'expression d'une civilisation.

Mais les efforts des paléographes latinistes ont été longtemps entravés par l'ignorance où ils étaient des écritures latines antérieures au ve siècle.

Les premiers graffitipompéiens, source essentielle de la connaissance des écritures usuelles au ier siècle de notre ère, ont été mis[...]

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Écrit par

  • : directeur d'étude à l'École pratique des hautes études (sciences historiques et philologiques)

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