Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PALÉOHISTOLOGIE

Interprétations paléohistologiques

La paléohistologie permet d’apporter de nombreuses informations sur la paléoécologie et la paléobiologie des vertébrés fossiles, qui pour la plupart ne sont pas déterminables par d’autres méthodes.

Distinction entre œufs d’oiseaux et de dinosaures

Structures de coquilles d’œufs fossiles - crédits : Encyclopædia Universalis France ; photos : Delphine Angst

Structures de coquilles d’œufs fossiles

Une des premières étapes en paléontologie est d’attribuer des restes fossiles à une espèce en particulier. Bien qu’il existe une large gamme d’outils et de méthodes utilisables pour cette identification, parfois seule la paléohistologie le permet. Cela a été le cas, par exemple, pour l’identification d’une partie des coquilles d’œufs fossiles découvertes dans le sud de la France. Dans cette région, des dinosaures et de grands oiseaux fossiles sont connus et pondaient des œufs. Or, à l’œil nu, il est parfois difficile de distinguer ces deux types d’œufs. Grâce à la réalisation de lames minces de ces coquilles et à leur analyse au microscope optique, il a été possible de savoir à quel type d’animal ces œufs appartenaient car la structure de leur coquille est très différente selon les cas. En effet, chez les dinosaures, la coquille est composée d’une seule couche calcifiée (couche dite sphérolitique) qui est constituée de grands cristaux de carbonate de calcium. En revanche, chez les oiseaux, elle est formée de trois couches de cristaux superposées. La couche mamillaire, la plus petite et la plus interne, comprend à sa base des noyaux mamillaires à partir desquels la minéralisation est initiée. À partir de la couche mamillaire, des cristaux de carbonate de calcium se développent sous forme de calcite en bâtonnets pour constituer la couche palissadique. Cette dernière, la plus épaisse, représente environ 80 p. 100 de l’épaisseur de la coquille. Seules ces deux couches minérales sont préservées au cours de la fossilisation. En revanche, chez les oiseaux actuels, on trouve au-dessus de la couche palissadique une troisième couche cristalline très peu épaisse, composée de petits minéraux et surmontée d’une cuticule non minéralisée qui se trouve à la surface de la coquille. Ces deux dernières couches, qui disparaissent au cours de la fossilisation, ne sont donc pas utilisées pour identifier les coquilles d’œufs d’oiseaux fossiles.

Paléoécologie des vertébrés et microanatomie

Différentes adaptations osseuses des vertébrés actuels et fossiles à leur milieu de vie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Différentes adaptations osseuses des vertébrés actuels et fossiles à leur milieu de vie

Un des principaux objectifs de la paléontologie est de déterminer dans quel environnement les organismes fossiles vivaient et comment ils y étaient adaptés. L’étude de la microanatomie des ossements des vertébrés fossiles permet dans certains cas d’apporter des réponses. En effet, elle va s’intéresser à l’organisation générale du tissu osseux, en étudiant par exemple l’épaisseur de la paroi de l’os, la densité osseuse ou le degré de remplissage de la cavité interne de l’os. Grâce à l’étude microanatomique des os des animaux actuels, il a pu être montré que les animaux terrestres présentent une paroi osseuse moyennement épaisse et dense, avec une cavité centrale relativement large et peu de prolongements osseux à l’intérieur. C’est le cas par exemple des cerfs. Les animaux volants possèdent des os légers, avec une paroi fine et une large cavité centrale vide, adaptés au vol. À l’opposé, les animaux aquatiques vont globalement avoir des os plus denses et plus lourds, avec une paroi épaissie et dense, et une cavité centrale plus ou moins remplie de matière osseuse. Ce type d’os permet de vaincre la flottabilité et de pouvoir se maintenir sous l’eau sans dépenser d’énergie. Ce qui est, par exemple, le cas pour le dugong. À partir de ces observations sur les animaux actuels et de l’étude microanatomique des vertébrés fossiles, il est alors possible d’estimer le milieu de vie des organismes disparus chez lesquels on retrouve les mêmes adaptations du squelette. Ainsi, les ptérosaures, ayant des os très allégés[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteure, post-doctorante à l'université de Bristol (Royaume-Uni)

Classification

Médias

Détail d’un os de l’épaule (scapula) d’un dinosaure vu au microscope optique - crédits : Damien Germain/ MNHN

Détail d’un os de l’épaule (scapula) d’un dinosaure vu au microscope optique

Coupe d’une défense fossile de mammouth - crédits : © 2012 Museum of the Rockies, Ellen-Thérèse Lamm, University of California Museum of Paleontology Specimen -UCMP 150077, Columbian Mammoth Tusk

Coupe d’une défense fossile de mammouth

Élaboration d’une lame mince en histologie et paléohistologie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Élaboration d’une lame mince en histologie et paléohistologie

Autres références

  • OS

    • Écrit par , et
    • 15 873 mots
    • 7 médias
    Le degré de préservation du tissu osseux chez les fossiles permet fréquemment de l'étudier avec précision. Grâce aux travaux de A. Seitz (1907), W. Gross (1934), T. /Orvig (1951), D. Enlow et S. Brown (1956-1958), W. Bryant (1936), etc., on connaît ainsi l'histoire du tissu osseux depuis les plus anciens...
  • PALÉONTOLOGIE

    • Écrit par , et
    • 11 031 mots
    • 5 médias
    La paléohistologie, ou étude microscopique du tissu osseux des Vertébrés fossiles, nous éclaire du point de vue mécanique sur le comportement, l'allure de quelques grands animaux terrestres comme les Dinosauriens ; du point de vue physiologique, elle nous permet de reconstituer l'histoire d'un phénomène...