- 1. L’aimantation thermorémanente
- 2. L’aimantation détritique des sédiments
- 3. Les aimantations « parasites »
- 4. Minéralogie magnétique et tests de cohérence
- 5. Quelques outils du paléomagnétisme
- 6. La dérive des continents
- 7. Décrire le champ magnétique dans le passé
- 8. Comment remonter à l’intensité du champ?
- 9. Le magnétisme environnemental et le biomagnétisme
- 10. Bibliographie
PALÉOMAGNÉTISME
Comment remonter à l’intensité du champ?
Le moment magnétique est défini par sa direction et son module. Ce dernier est contrôlé par deux paramètres : la concentration en minéraux magnétiques et l’intensité du champ. Au premier ordre, on peut considérer qu’il suffit de s‘affranchir du premier pour remonter à l’intensité du champ qui a donné naissance à l’aimantation. La réponse de l’aimantation au champ sert ainsi de référence pour remonter à la valeur absolue de l’intensité. Pour cela, il est nécessaire de dupliquer le processus d’acquisition de l’aimantation en laboratoire. On peut facilement reproduire l’acquisition de l’aimantation thermorémanente des laves ou de matériaux archéologiques par de simples chauffes dans un champ connu. Dans le premier cas, on parvient à déterminer la valeur absolue de la paléointensité si aucun changement minéralogique ne se produit lors des chauffes répétées en laboratoire. En revanche, il est évidemment impossible de reproduire le processus de sédimentation des roches sédimentaires.
Les sédiments ne permettent de restituer que les variations relatives de la paléointensité. Nous avons vu que les coulées volcaniques indiquent la direction et la valeur absolue de l’intensité du champ local, mais de façon très discontinue au gré des éruptions. Elles procurent donc une suite de valeurs ponctuelles dont la chronologie détaillée est très délicate à établir en raison des incertitudes des datations radiométriques. Les sédiments, surtout sensibles à la composante dipolaire du champ, enregistrent en continu les variations relatives du dipôle avec une résolution qui dépend du taux de sédimentation. Les deux types de données sont complémentaires. L’étude des périodes très courtes comme les inversions est propice aux enregistrements volcaniques, tandis que l’évolution de l’intensité du dipôle géomagnétique est documentée grâce aux enregistrements sédimentaires. À l’heure actuelle on connaît bien l’évolution de l’intensité du champ lors des deux derniers millions d’années. Une caractéristique dominante est son affaissement très important lors des inversions. Mais on observe aussi de nombreuses autres périodes d’intensité très faible durant lesquelles le champ a dévié fortement de sa polarité initiale, s’est parfois même complètement renversé, puis est revenu à la polarité d’origine. On appelle ces événements des excursions et/ou des inversions avortées. Ces tentatives infructueuses sont beaucoup plus nombreuses que les inversions elles-mêmes.
Les enregistrements volcaniques, bien qu’épars, renseignent sur l’intensité moyenne du champ jusqu’à plusieurs milliards d’années. Ce champ très ancien, en particulier celui qui est associé aux premières phases de son existence, fait l’objet de nombreuses études. Les paléomagnéticiens ont également cherché à observer si le champ moyen conserve toujours une structure parfaitement dipolaire axiale centrée. En fait, il en est très légèrement écarté. Cette déviation peut être représentée par une petite composante quadripolaire, dont l’origine est encore discutée.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Pierre VALET : directeur de recherche au C.N.R.S., Institut de physique du globe de Paris
Médias
Autres références
-
PREUVE PALÉOMAGNÉTIQUE POUR LA DÉRIVE DES CONTINENTS (S. K. Runcorn)
- Écrit par Yves GAUTIER
- 611 mots
Au milieu du xxe siècle, en sciences de la Terre, alors que fixistes et mobilistes s'opposent, une découverte majeure va faire évoluer le débat : l'aimantation naturelle rémanente (A.N.R.) de certaines roches, ou aimantation fossile permanente. Le principe en est simple : certaines roches gardent...
-
TERRE - Planète Terre
- Écrit par Jean AUBOUIN et Jean KOVALEVSKY
- 9 225 mots
- 9 médias
Les données du champ magnétique terrestre fossile ont permis de déterminer les mouvements de la lithosphère superficielle. Ces données sont de deux ordres : d'une part, en se refroidissant, les laves volcaniques fixent le champ magnétique de l'époque par un effet de magnétismethermorémanent... -
AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie
- Écrit par Jean AUBOUIN , René BLANCHET , Jacques BOURGOIS , Jean-Louis MANSY , Bernard MERCIER DE LÉPINAY , Jean-François STEPHAN , Marc TARDY et Jean-Claude VICENTE
- 24 158 mots
- 23 médias
Dans les chaînes de la façade occidentale des Amériques, le paléomagnétisme a récemment permis de mettre en évidence de très importants coulissages longitudinaux du sud vers le nord, crédités de translations de plusieurs milliers de kilomètres. L'attention avait été attirée sur ces possibles... -
DÉRIVE DES CONTINENTS
- Écrit par Encyclopædia Universalis et John Tuzo WILSON
- 3 402 mots
- 9 médias
...une bande magnétique. C'est à Bernard Bruhnes que l'on doit d'avoir découvert le principe de cette horloge naturelle. Il établissait, dès 1906, que le champ magnétique terrestre s'inversait, à quelques centaines de milliers d'années d'intervalle, en disparaissant puis en réapparaissant avec les pôles... -
JAPON (Le territoire et les hommes) - Géologie
- Écrit par Michel FAURE
- 3 978 mots
- 11 médias
...décrochements. Le Japon serait alors originellement arqué et il aurait seulement opéré une translation en bloc sans déformation interne. En fait, les données paléomagnétiques suggèrent que, pendant l'ouverture de la mer du Japon, le Japon du Sud-Ouest a subi une rotation de 500 dans le sens horaire et... - Afficher les 14 références