PALÉONTOLOGIE
Paléontologie et géologie
Histoire des idées
L'histoire des fossiles et l'histoire de la Terre sont étroitement mêlées, comme nous allons le voir en retraçant l'évolution des idées sur les rapports de l'une et de l'autre.
L'abbé Giraud-Soulavie peut être considéré comme le véritable fondateur de la paléontologie stratigraphique. Dans son ouvrage sur l'Histoire naturelle de la France méridionale (1780-1783), il établit le principe fondamental de la stratigraphie fondée sur la superposition des couches, et souligne que les fossiles sont distribués « par couches de divers âges et non par lieux géographiques ». Deluc précisera ce point, en 1791. Pourtant, grâce aux auteurs britanniques, c'est William Smith qui est considéré comme le fondateur de la stratigraphie paléontologique. Il proclamait que « les couches terrestres peuvent être identifiées par les fossiles qu'elles contiennent ».
D'une manière plus profonde, Cuvier (1769-1832) écrivait dans son célèbre Discours sur les révolutions de la surface du globe : « C'est aux fossiles seuls qu'est due la naissance de la théorie de la Terre ; sans eux, l'on n'aurait peut-être jamais songé qu'il y ait eu dans la formation du globe des époques successives, et une série d'opérations différentes. Eux seuls, en effet, donnent la certitude que le globe n'a pas toujours eu la même enveloppe, par la certitude où l'on est qu'ils ont dû vivre à la surface avant d'être ensevelis dans la profondeur [...] s'il n'y avait que des terrains sans fossiles, personne ne pourrait soutenir que ces terrains n'ont pas été formés tous ensemble. »
Alcide d' Orbigny (1802-1837) reprend, en les exagérant, certaines vues théoriques de Cuvier, mais il montre aux géologues que l'étude des fossiles est la vraie méthode chronologique. « La première notion à obtenir dans l'étude paléontologique, écrivait-il, c'est la date. » Cette méthode l'a conduit à établir une classification des terrains secondaires fondée sur des fossiles.
Ces thèses des naturalistes fixistes de la première moitié du xixe siècle furent aisément transposées en langage transformiste.
Dans son ouvrage, Essai de paléontologie philosophique, publié en 1896, Albert Gaudry déclarait : « Personne ne nie plus aujourd'hui que c'est surtout par le secours des fossiles qu'il est possible de déterminer l'âge des terrains. Il est admis que chacun d'eux renferme un certain nombre de fossiles auxquels on donne le nom de fossiles caractéristiques. Pourquoi sont-ils caractéristiques d'une époque plutôt que d'une autre ? Nul autrefois ne le savait... Mais si la paléontologie nous fait assister à une évolution régulière du monde animé, il est évident que le stade de développement des fossiles doit correspondre à leur âge géologique ; nous comprenons alors pourquoi tels fossiles se rencontrent à tel niveau. Les géologues qui nous apportent des os de Vertébrés pour que nous leur disions l'âge du terrain d'où ils proviennent, savent que notre premier soin n'est pas de regarder s'ils appartiennent à quelques-unes des nombreuses espèces déjà connues, mais nous cherchons à quel stade d'évolution ils se trouvent, parce que les stades d'évolution, qui marquent les changements de l'organisation, marquent en même temps les principales divisions des temps géologiques. Voici deux gisements différents : je constate que dans l'un les animaux indiquent un état d'évolution moins avancé que dans l'autre ; j'en conclus que le premier est d'une époque plus ancienne. »
– Ainsi s'est substituée à la méthode lithologique, dans l'établissement d'une chronologie, la méthode paléontologique fondée sur la notion de fossiles caractéristiques,[...]
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Écrit par
- Édouard BOUREAU : membre de l'Académie des sciences, professeur émérite à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
- Patrick DE WEVER : professeur émérite, Muséum national d'histoire naturelle, Paris
- Jean PIVETEAU : professeur honoraire à la Sorbonne, membre de l'Académie des sciences
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Médias
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