PALÉOZOÏQUE ou ÈRE PRIMAIRE
Le Paléozoïque (terme inventé par le géologue anglais John Phillips en 1818), appelé communément ère primaire, est l'ère géologique la plus ancienne des temps phanérozoïques (temps fossilifères), s'étalant de — 542 (+/— 1) millions d'années (Ma) à — 251 (+/— 0,4) Ma, mais aussi la plus longue, ayant duré 291 Ma. Il est encadré par deux événements biologiques majeurs : d'une part, à sa base, l'« explosion cambrienne », qui a vraisemblablement fait suite à une extinction en masse à la fin du Protérozoïque (ère précédente) et qui n'a pas été aussi soudaine que le terme le laisse croire ; d'autre part, à son sommet, la crise biologique de la fin du Permien (dernier système du Paléozoïque), marquant le passage entre les ères paléozoïque et mésozoïque, qui est considérée comme la plus importante des cinq grandes phases d'extinctions d'espèces du Phanérozoïque. Une coupure nette entre les terrains paléozoïques et les terrains mésozoïques est observée en France dans le Massif central et dans les Vosges : les terrains paléozoïques, plissés, ont été rabotés par l'érosion permienne, au point de constituer une « pénéplaine » sur laquelle les terrains du Mésozoïque (débutant par le Trias) se sont déposés en discordance.
C'est au Paléozoïque que se mettent en place les chaînes calédonienne et varisque qui ont fourni de nombreux matériaux pour les activités minières (métaux, charbons, etc.). C'est aussi durant cette période, marquée comme toutes les autres ères géologiques du Phanérozoïque par des crises biologiques et des phases de biodiversification, que s'est accomplie une part essentielle de l'évolution des plantes et des animaux. Par exemple, le passage de la vie aquatique à la vie terrestre, ou terrestrialisation, s'est effectué au Paléozoïque pour tous les eucaryotes pluricellulaires (plantes, invertébrés et vertébrés). Toutefois, les sols, à la formation desquels participent des micro-organismes tels que des bactéries, des algues et des champignons, constituent certainement les traces les plus anciennes du passage à la vie terrestre : ils sont connus depuis l'Archéen (les plus anciens, situés au Canada, dateraient de quelque 3 milliards d'années). C'est à partir du Silurien (de — 443 à — 416 Ma) que se répandent les sols liés au développement de la végétation terrestre. La terrestrialisation correspond à un ensemble de processus complexes qui ont permis, entre autres, l'apparition des tétrapodes (vertébrés) parmi lesquels on compte les reptiles d'où seront issus, au cours du Mésozoïque, les organismes homéothermes représentés par les oiseaux et les mammifères (dont l'homme à la fin du Cénozoïque, la dernière des trois ères du Phanérozoïque qui court jusqu'à l'actuel).
Au Paléozoïque, les masses continentales étaient disposées à la surface de la Terre selon une configuration complètement différente de celle d'aujourd'hui. Cette configuration comprenait notamment un vaste paléocontinent austral dénommé Gondwana (rassemblant l'Amérique du Sud, l'Afrique, l'Antarctique, l'Inde, Madagascar, l'Australie), quasi-pérenne tout au long du Paléozoïque, qui formera, à la fin de cette ère, avec les masses continentales de l'hémisphère Nord, un immense et unique continent : la Pangée.
Chronologie et subdivisions
Le Paléozoïque est découpé en trois « sous-ères » : le Paléozoïque inférieur, représenté par les systèmes Cambrien (de — 542 à — 488 Ma) et Ordovicien (de — 488 à — 443 Ma) ; le Paléozoïque moyen, avec le Silurien (de — 443 à — 416 Ma) et le Dévonien (de — 416 à — 359 Ma) ; enfin, le Paléozoïque supérieur, comprenant le Carbonifère (de — 359[...]
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Écrit par
- Alain BLIECK : docteur ès sciences (doctorat d'État), agrégé de l'Université, directeur de recherche au C.N.R.S.
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