PALÉOZOÏQUE ou ÈRE PRIMAIRE
Évolution de la biodiversité
La biodiversité, c'est-à-dire le nombre d'espèces vivantes, a fluctué au cours des temps géologiques. Apparue vers — 3,8 milliards d'années, la vie s'est lentement diversifiée au cours du Protérozoïque jusqu'à l'« explosion cambrienne ». Les bilans chiffrés de la diversité des faunes et flores fossiles ont mis en évidence des moments particuliers de cette évolution au cours du Phanérozoïque. C'est John Phillips qui, le premier, a défini les ères paléozoïque, mésozoïque et cénozoïque, et a publié, au milieu du xixe siècle, un schéma des fluctuations majeures de leur biodiversité marine. Chacune d'elles est caractérisée par un ensemble de faunes et flores distinctes et est séparée de la suivante par une chute importante de la biodiversité qui correspond à ce que nous appelons aujourd'hui « extinction en masse » (ou crise biologique, hécatombe, décimation). C'est le cas du Paléozoïque et de la crise P/T (Permien/Trias), la plus importante en nombre d'espèces éteintes ; c'est aussi le cas du Mésozoïque et de la crise C/T (Crétacé/Tertaire), la plus médiatisée. Au cours du Paléozoïque, si l'Ordovicien se caractérise par le plus grand nombre d'apparitions de nouveaux taxons, le Permien se caractérise par le plus grand nombre d'extinctions. On reconnaît aujourd'hui trois extinctions en masse durant le Paléozoïque : à la fin de l'Ordovicien (dite Ashgill ou Hirnantienne), au Dévonien supérieur (dite F/F pour Frasnien/Famennien) et à la fin du Permien (crise P/T). Des extinctions de plus faible envergure sont repérées à la fin du Cambrien, du Silurien et du Carbonifère.
Du côté des processus responsables des extinctions en masse, le consensus n'est pas de mise. Si près de soixante hypothèses différentes ont été invoquées pour la crise C/T (la majorité de ces hypothèses étant considérées comme farfelues par les paléontologues), un nombre plus faible mais étonnamment varié d'hypothèses a été avancé pour les extinctions du Paléozoïque. Les causes réelles et directes de ces épisodes d'extinction sont souvent peu ou mal connues. Ces crises biologiques sont vraisemblablement dues à des phénomènes multiples, soit d'origine extraterrestre (comme la chute d'astéroïdes ou météorites) soit d'origine terrestre (expansion des fonds océaniques, volcanisme de trapps, chute du niveau moyen des océans, refroidissement climatique, etc.). Dans ce dernier cas, ces phénomènes sont liés entre eux et traduisent l'activité tectonique de la Terre. On envisage même, dans certains cas, une combinaison de causes terrestres et extraterrestres qui seraient la cause ultime de l'extinction en masse. Ainsi en est-il de la crise P/T (formation de la Pangée, volcanisme continental des trapps de Sibérie, régression marine, baisse de la salinité et du taux d'oxygène de l'eau de mer, radiations cosmiques). À la fin du Permien, l'essentiel de la vie (85 à 96 p. 100 des espèces marines) périt au cours de ce qui est considéré comme l'extinction en masse la plus importante de tous les temps fossilifères et qui a été qualifié d'« hyper-extinction ». Dans tous les cas, nombreux sont les (paléo)biologistes qui considèrent aujourd'hui que l'évolution de la vie sur Terre est en grande partie gouvernée par ces « catastrophes » terrestres qui, bien entendu, interviennent sans plan prédéfini et ne sont rien d'autres que les manifestations de la tectonique des plaques. Dans ce cas, l'évolution est contingente (chaque événement ayant pu se produire ou non), soumise au hasard. Dans ce contexte, il faut noter l'importance cruciale des datations des différents événements invoqués (extinctions de taxons, impacts, volcanisme, etc.), parce que c'est la séquence temporelle de ces événements qui conduit à proposer des scénarios plus ou moins crédibles[...]
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Écrit par
- Alain BLIECK : docteur ès sciences (doctorat d'État), agrégé de l'Université, directeur de recherche au C.N.R.S.
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