PALÉOZOÏQUE ou ÈRE PRIMAIRE
Foisonnement des organismes fossiles
À la suite des diverses études de phylogénie morphologique et moléculaire menées depuis les années 1970, il est devenu classique de diviser le monde vivant en trois groupes de rang supérieur (« domaines ») : les eubactéries (Eubacteria) ; les archées (Archaea) ; et les eucaryotes (Eucarya), parmi lesquels on distingue quatre « règnes » : les protistes ou protoctistes (Protista ou Protoctista), les champignons (Fungi), les plantes (Plantae) et les animaux ou métazoaires (Animalia ou Metazoa). Nous n'aborderons ici que le groupe des eucaryotes. Pour les bactéries (Eubacteria et Archaea), dont les plus anciennes correspondraient à des structures stromatolitiques datées entre — 3 500 et — 3 200 Ma (ce qui fait encore l'objet de débats scientifiques animés, certains réfutant ces structures en tant que traces de vie avérées), leur diversité familiale n'a en général pas changé depuis le Protérozoïque. Cela n'empêche pas que les bactéries (et les virus) constituent de nos jours l'essentiel de la biomasse à l'échelle globale.
Les protistes ou protoctistes (eucaryotes basaux)
Ce groupe est typiquement paraphylétique, c'est-à-dire qu'il est défini par exclusion : ses représentants ne sont ni des animaux, ni des plantes, ni des champignons, ni des bactéries. Il s'agit d'eucaryotes basaux, c'est-à-dire des algues à cellules nucléées, des flagellés, des protozoaires, etc. Ce sont presque tous des organismes unicellulaires à noyau, mais certains d'entre eux présentent une organisation multicellulaire différente de celle des autres eucaryotes (par exemple certains ciliés, des euglènes, des chrysophytes et des diatomées), d'où le concept de protoctistes pour réunir les protistes unicellulaires et les protistes multicellulaires. Ils sont aquatiques (marins, dulcicoles ou parasites). Au Paléozoïque, le plancton marin comprend les acritarches, un groupe correspondant vraisemblablement à un amalgame d'organites et d'organismes d'affinités biologiques variées (animale, végétale ou protiste). Apparus vers —2 200 Ma en Sibérie (si le site d'Ikabijsk est correctement daté), ils sont préservés à cause de leur paroi organique en sporopollénine (un polymère naturel lipidique constituant la paroi des pollens et des spores). Leur biodiversité au Paléozoïque est très mal connue du fait d'une taxonomie non stabilisée, de datations trop imprécises et d'une disparité des données entre les diverses masses paléocontinentales. Les acritarches seraient au moins en partie phylogénétiquement apparentés aux dinoflagellés et correspondraient au moins en partie à des kystes d'organismes (pas encore identifiés). Ils sont classiquement utilisés en biostratigraphie, en particulier au Paléozoïque inférieur. Les chitinozoaires sont un autre groupe d'affinités biologiques incertaines, souvent considérés aujourd'hui comme les œufs de métazoaires marins à corps mous. Ces microfossiles en forme de petites bouteilles à paroi organique apparaissent à l'Ordovicien et disparaissent à la fin du Dévonien. Ils sont très utiles en biostratigraphie des faciès schisteux (argilites, siltites).
Les deux autres groupes importants de protistes au Paléozoïque sont les radiolaires et les foraminifères. Les radiolaires sont des actinopodes marins à endosquelette siliceux faisant partie du plancton. Ils sont apparus au Cambrien et ont persisté jusqu'à aujourd'hui. Ils sont classiquement associés à des faciès marins profonds (radiolarites et roches équivalentes), mais ils existent dans tous les environnements jusqu'à ceux de la province néritique. Leur valeur en biostratigraphie est meilleure dans le Carbonifère-Permien où leur diversité familiale est la plus forte pour le Paléozoïque. Les accumulations de radiolaires dans[...]
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Écrit par
- Alain BLIECK : docteur ès sciences (doctorat d'État), agrégé de l'Université, directeur de recherche au C.N.R.S.
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