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PALMA LE JEUNE JACOPO DI ANTONIO NEGRETTI dit (1544-1628)

Portrait de Nicolas Machiavel, Santi di Tito - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Nicolas Machiavel, Santi di Tito

Fils du peintre Antonio Negretti, lui-même neveu de Palma le Vieux, Palma le Jeune se forme d'abord près de son père à Venise et étudie les œuvres de Titien avant de partir pour Urbin où il découvre Raphaël. Puis le duc d'Urbin l'envoie à Rome ; il y passe huit ans, copie Michel-Ange, Polydore de Caravage et, d'après C. Ridolfi, « toutes les statues célèbres de Rome ». Palma fréquente le milieu des maniéristes et assimile les réactions déterminées dans les milieux artistiques de la cité pontificale par les orientations de la Contre-Réforme. Palma le Jeune garde de ce séjour le goût du dessin et des compositions habilement articulées, le sens des contrastes lumineux que lui révèlent Zuccaro, Salviati, Santi di Tito. On sait que Palma fut appelé au Vatican, mais on ne possède aucune certitude sur les œuvres qu'il a pu peindre durant cette période de sa carrière. De retour à Venise, après 1569, Palma travaille sans doute avec Titien, puisque, après la mort de celui-ci (1576), il achève sa dernière œuvre, la grande Pietà peinte pour l'église des Frari (aujourd'hui à l'Académie, Venise). C'est alors que Palma forme définitivement son style sous l'influence de Tintoret, dont il reste l'imitateur docile, mais en prenant également son inspiration chez les maîtres de la génération précédente et chez ses contemporains.

Cet éclectisme, servi par une incontestable habileté technique, lui assure une place de chef d'école à Venise : il peint des tableaux mythologiques, notamment l'Histoire de Psyché pour le roi Sigismond de Pologne (env. 1580), donne des cartons de mosaïques pour Saint-Marc et reçoit de nombreuses commandes pour les églises de la ville. La plus importante, celle où s'exprime le mieux son habileté à jouer du clair-obscur et sa faculté d'improvisation, est l'ensemble peint à partir de 1575 à San Giacomo dell'Orio (Déposition de Croix, Scènes bibliques dans la sacristie ; Histoire de saint Laurent dans une chapelle, Déposition de Croix, Le Christ et Véronique dans l'abside). Après l'incendie du palais Ducal (1574), Palma le Jeune prend une part importante à la réfection des salles ravagées (salles du Sénat, du Scrutin, du Grand Conseil). Il y travaille avec Véronèse, Marco Vecellio, Jacopo et Domenico Tintoret, Francesco et Leandro Bassano. Sous l'influence de ces deux peintres, Palma recherche les ambiances pastorales, les accords modulés des figures dans l'espace, les formes larges, organisées simplement. On perçoit cette orientation dans les toiles qu'il peint de 1589 à 1592 pour l'oratoire des Crociferi (Histoire de l'ordre de la Croix, Scènes de la Bible). En 1600, Palma le Jeune exécute un grand décor de treize toiles pour un plafond de la Scuola di San Gerolamo. En 1615, il est encore occupé au palais Ducal (vestibule de la salle du Grand Conseil).

Lié à une tradition qu'il ne sut pas renouveler, attaché à des exemples dans lesquels il ne parvint pas à trouver de véritables stimulants, Palma le Jeune occupa certes une place de premier plan parmi ses contemporains, mais il ne forma aucun disciple capable d'éviter le déclin que connut la peinture vénitienne du xviie siècle.

— Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE

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Portrait de Nicolas Machiavel, Santi di Tito - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

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