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TOGLIATTI PALMIRO (1893-1964)

Formé dans l'ardent foyer d'idées qu'est Turin avant la Première Guerre mondiale (il y devint secrétaire de la section socialiste), Palmiro Togliatti est, en 1919, rédacteur en chef de l'Ordine nuovo, organe de la tendance d'Antonio Gramsci et point de ralliement de l'aile communisante du Parti socialiste. Après la session du Congrès de Livourne (1921), il adhère au Parti communiste italien (P.C.I.), dont il deviendra, en 1924, membre du comité central et directeur de la publication Il Communista. Au lendemain de la marche sur Rome (1922), il est plusieurs fois molesté et arrêté. Lors des lois exceptionnelles de 1926, Togliatti, qui, au moment de leur promulgation, séjourne à Moscou et participe à une réunion du Komintern, échappe à la répression qui décime l'état-major communiste ; son exil va durer dix-huit ans. Il vit en Suisse, puis se fixe à Paris, où il publie, sous des pseudonymes (Mario Correnti, Ercole Ercoli), des écrits antifascites et édite la revue idéologique Lo Stato operaio, fondée en 1927. Secrétaire général du P.C.I., il fait prévaloir, au Congrès de Cologne (1931), la thèse de la priorité à la propagande intérieure en Italie. Il mène, parallèlement, une carrière de dirigeant international comme membre du comité exécutif du Komintern. Au VIIe congrès du Komintern (1935), avec Dimitrov, il préconise la politique des fronts populaires groupant les forces antifascistes. Il est chargé des relations avec les divers partis communistes et accomplit une mission pendant la guerre d'Espagne (1937-1939). Arrêté par la police française au début de la Seconde Guerre mondiale, il part pour l'U.R.S.S.

Portrait de Palmiro Togliatti (1948) - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Portrait de Palmiro Togliatti (1948)

Après l'occupation de la Sicile par les forces alliées en 1943, sachant qu'une révolution socialiste en Italie a peu de chances de réussir, le Parti communiste italien accepte, afin de conserver et d'accroître les avantages acquis, de collaborer avec la monarchie : en mars 1944, à son retour en Italie, Togliatti participe, comme ministre sans portefeuille, aux gouvernements Badoglio et Bonomi. Il ne suit pas les socialistes et le Parti d'action dans leur opposition et il est vice-président du Conseil dans le second cabinet Bonomi, puis ministre de la Justice dans les formations Parri (1945) et dans le premier gouvernement De Gasperi (décembre 1945-juillet 1946). Il abandonne ses fonctions ministérielles en 1946, pour se vouer à l'organisation du parti, qu'il structure et qu'il conduit à une grande victoire électorale en 1948 avec 31 p. 100 des suffrages à la Chambre, contre 18,9 p. 100 seulement lors du scrutin pour la Constituante de 1946. Jouissant d'une autorité indiscutée au sein du parti, Togliatti, après l'attentat dont il est victime (1948) de la part d'un nationaliste d'extrême droite et qui déclenche, en Italie du Nord, une vague de grèves et de désordres, reprend en main ses troupes pour la poursuite de sa politique d'évolution graduelle vers un succès du socialisme par des moyens pacifiques.

Convaincu, dès la Seconde Guerre mondiale, des défauts du régime imposé à l'U.R.S.S. par Staline, Togliatti fait prendre à son parti quelque distance avec Moscou. Faisant allusion à la dissolution du Komintern en 1943 et à la constitution du Kominform en 1947, il constate que Staline a, en contradiction avec la décision prise de laisser à chaque parti communiste le choix des moyens permettant d'instaurer le socialisme, imposé une ligne telle qu'elle a entraîné une stagnation des partis dans les pays occidentaux. Toutefois, après le XXe congrès du Parti communiste soviétique, il refuse de voir en Staline et dans le culte de la personnalité les seuls responsables de tous les maux. Comme il le rapportera dans Problemi del moviménto operaio internazionale (1956-1961), paru en 1962, Togliatti considère que certaines formes[...]

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Portrait de Palmiro Togliatti (1948) - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Portrait de Palmiro Togliatti (1948)

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