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PALUDISME À PLASMODIUM KNOWLESI

Le Sud-Est asiatique, laboratoire naturel du passage singe-homme du paludisme

Cette hypothèse n’a cependant pas de fondement expérimental ni ne résulte d’observations directes du passage du singe à l’homme. Cette carence dans la démonstration de l’origine simienne d’un plasmodium purement humain est très probablement en train d’être palliée par l’étude de l’émergence d’un nouveau type de paludisme humain, celui qui est provoqué par Plasmodium knowlesi, un parasite du macaque en Asie du Sud-Est. Essentiellement inconnu il y a dix ans, le paludisme humain à P. knowlesi, selon les chiffres fournis en novembre 2014 lors de la réunion annuelle de l’American Society for Tropical Medecine and Hygiene, représente désormais la majorité des cas d’hospitalisation pour paludisme en Malaisie. La maladie est particulièrement grave et les cas mortels sont beaucoup plus fréquents que lors d’infections par P. falciparum : selon les lieux, la mortalité chez l’adulte est de 1 à 7 p. 100. Ce paludisme est considéré comme une maladie émergente depuis l’article fondateur de B. Singh paru dans The Lancet en 2004.

La maladie et ses symptômes étaient cependant connus depuis 1935 par l’étude de rares cas sporadiques graves de paludisme. On a également beaucoup utilisé P. knowlesi pour induire (jusque vers 1955) des chocs thermiques chez des malades atteints de paralysie générale neurosyphilitique : on supposait que ce parasite du singe ne pouvait pas persister chez l’homme. Le cas d’un soldat américain infecté en 1966 constitue la description classique de ce type de paludisme. En dehors de sa gravité chez un tiers des personnes infectées et du pourcentage élevé de décès, la principale caractéristique de ce paludisme est la présence d’un pic fébrile quotidien chez le malade, ce qui en fait une fièvre d’une intermittence très particulière. Cela est dû au fait que le cycle biologique du parasite – étudié chez le singe – se déroule sur 24 heures, au lieu de 48 ou 72 heures pour d’autres Plasmodium. Les autres signes cliniques ne sont guère différents de ceux des autres paludismes, ce qui explique qu’il soit longtemps passé inaperçu. Prise à ses débuts, la maladie répond bien aux traitements antipaludéens, chloroquine et dérivés de l’artémisinine. Enfin, le diagnostic par identification visuelle du parasite est resté délicat. Seule la PCR donne des résultats non ambigus.

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

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Macaque crabier (<it>Macaca fascicularis</it>) - crédits : Yves Gautier

Macaque crabier (Macaca fascicularis)

Distribution géographique de<em> Plasmodium knowlesi</em>, de son vecteur et de ses porteurs - crédits : Encyclopædia Universalis France

Distribution géographique de Plasmodium knowlesi, de son vecteur et de ses porteurs