PAPANDRÉOU ou PAPANDHRÉOU ANDRÉAS (1919-1996)
Né le 5 février 1919 dans l'île de Chios, Andréas Papandréou est le fils d'un politicien centriste, Georges Papandréou, qui fut ministre dès 1923.
Le jeune Andréas fait des études de droit à la faculté d'Athènes et, durant la dictature du général Métaxas, il milite dans un petit groupe trotskiste dès 1937. Arrêté en 1939, ce fils de bonne famille, ayant dénoncé ses camarades et abjuré le marxisme, reçoit l'autorisation de quitter le pays et part pour les États-Unis en 1940. Il obtient son doctorat en économie à l'université Harvard en 1943 où il devient assistant. Ayant pris la nationalité américaine, il s'engage dans la marine et participe à la guerre du Pacifique en 1944-1945. Devenu professeur d'économie aux universités Harvard, du Minnesota et Northwestern, puis de Berkeley, il épouse successivement une jeune Gréco-Américaine, puis une Américaine, Margaret Chadd, dont il aura trois fils et une fille.
Doyen de la faculté d'économie de Berkeley de 1956 à 1959, il passe ensuite un an en Grèce comme chercheur américain. Sortie de la guerre civile, la vie politique du pays commence à renaître. Le centre gauche, derrière son père, mène la vie dure aux conservateurs soutenus par la famille royale et l'armée. Andréas retourne aux États-Unis en 1960-1961 ; mais, abandonnant la nationalité américaine, il décide de diriger l'aile gauche de l'Union du centre de son père. En 1961-1962, il exerce de hautes responsabilités à l'université et à la Banque de Grèce. Aux élections de 1964 qui voient la victoire de l'Union du centre, il est élu député du fief familial, l'Achaïe. Lorsque son père forme son gouvernement, il est secrétaire à la Coordination, sorte de super-chef de Cabinet, de février 1964 à juillet 1965. Il s'oppose déjà à l'autre dauphin de son père, Constantin Mitsotakis, qui refuse la « gauchisation » du gouvernement. Pendant trente ans, ils seront d'irréductibles rivaux. La chute du gouvernement centriste provoquée par le palais va entraîner le coup d'État des colonels. Le 21 avril 1967, Andréas Papandréou est l'une des quatre premières personnalités arrêtées. Il est assigné à résidence à l'hôtel Hilton pendant plusieurs mois. Sous la pression internationale, les colonels l'expulsent. Exilé, il enseigne l'économie à Stockholm en 1968-1969, puis à Toronto jusqu'en 1974. Économiste proche des Kennedy, il devient alors une figure de la gauche révolutionnaire favorable aux régimes arabes progressistes, aux Palestiniens et aux mouvements de libération du Tiers Monde. Il fonde en mars 1968 le mouvement de résistance anticolonels, le P.A.K. (Mouvement de libération panhellénique), qui dispose d'une branche armée.
À la chute du régime des colonels en juillet 1974, il rentre en Grèce et, en septembre, transforme le P.A.K. en P.A.S.O.K. (Mouvement socialiste panhellénique). Il enflamme alors les foules en recourant à une rhétorique gauchisante, antiaméricaine et antieuropéenne. Il est aussi le très autoritaire président du P.A.S.O.K. : tout opposant à sa ligne est immédiatement mis à l'écart. Démagogue, il flatte le sentiment national grec bafoué sans discontinuité depuis 1941. Il promet aussi à la petite bourgeoisie d'accéder à la modernité et aux nouvelles richesses. À chaque élection, le P.A.S.O.K. double son score, et l'emporte en octobre 1981.
Andréas Papandréou devient le premier dirigeant socialiste de l'histoire de la Grèce alors que celle-ci vient d'entrer dans la Communauté européenne. Devant la manne des aides communautaires, il abandonne sa rhétorique antieuropéenne, distribuant les aides de Bruxelles à des fins électoralistes. Antiaméricain en public, il n'en proroge pas moins régulièrement le statut des bases militaires américaines en Grèce et, lors de l'explosion de[...]
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Écrit par
- Christophe CHICLET
: docteur en histoire du
xx e siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revueConfluences Méditerranée
Classification
Média
Autres références
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GRÈCE - De la Grèce byzantine à la Grèce contemporaine
- Écrit par Jean CATSIAPIS , Encyclopædia Universalis , Dimitri KITSIKIS et Nicolas SVORONOS
- 21 411 mots
- 11 médias
En effet, la montée des formations politiques de gauche aux dépens des forces de la droite et du centre reflétait les transformations sociales qui sous-tendaient une telle politique ; les progrès spectaculaires du PASOK sont également l'œuvre de son leader, Andréas Papandréou.