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PAPAUTÉ

Au point de vue œcuménique

Le pape Jean XXIII, en 1961 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Le pape Jean XXIII, en 1961

Paul VI a dit à plusieurs reprises avoir conscience d'être l'obstacle majeur sur le chemin de l'unité : alors que sa charge est un ministère de communion. Les chrétiens non catholiques romains soulèvent, à l'encontre de la papauté, des difficultés historiques et doctrinales. Pour les orthodoxes, un apôtre ne peut avoir été évêque d'un siège. Rome doit sa qualité de premier siège au fait d'avoir été capitale de l'Empire et d'avoir été reconnue en ce titre par les conciles. L'orthodoxie tient pour une ecclésiologie de communion, où un évêque est inséparable du chœur des autres évêques, où les décisions sont prises synodalement et doivent rencontrer l'accord du peuple chrétien. Pour les protestants, les textes bibliques concernant Pierre ne fondent pas une succession institutionnelle ; Pierre n'a pas été « évêque de Rome » ; l'histoire a beaucoup fait pour fonder et développer une autorité papale (donation de Constantin, fausses décrétales, scolastique, ordres mendiants...). Doctrinalement, les protestants n'ont pas de théologie d'un épiscopat sacramentel ; l'apostolicité est pour eux conformité de la foi et de sa confession à la foi des Apôtres, telle qu'elle est dans les écrits de ces derniers ; ils ne l'identifient pas à un ministère ; ils récusent l'idée d'une infaillibilité liée à une instance humaine, même par institution divine. Les anglicans tempèrent ces positions en reconnaissant une valeur à la tradition ancienne et en admettant un épiscopat historique, avec éventuellement un pape ayant un leadership au titre de primus inter pares. Les vieux-catholiquesont refusé le dogme du Ier concile du Vatican (1870) au nom de l'histoire et de la tradition ancienne. Dans l'ensemble, ces chrétiens non romains récusent les développements proprement occidentaux du deuxième millénaire. Mais l'Église catholique, avec Jean XXIII et le IIe concile du Vatican, a renoué avec nombre de valeurs ecclésiologiques du premier millénaire et a rendu vie à bien des inspirations évangéliques : collégialité, communion des Églises locales, catholicité horizontale, décentrement de la papauté vers l'épiscopat et du ministère hiérarchique vers la communauté des fidèles. Avec Jean-Paul II la papauté est devenue un événement mondial. Ses innombrables voyages ont rapproché Rome des populations en terres lointaines. Mais on constate une certaine concentration de l'attention sur Rome, sur la papauté elle-même et sur nombre de services de l'Église catholique. Jean-Paul II a fait beaucoup pour l'œcuménisme, mais ses positions en matière de morale et son attachement au culte marial l'éloignent nettement des protestants.

— Yves CONGAR

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut catholique de Paris

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Médias

Boniface VIII - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Boniface VIII

Intronisation de Jean-Paul II - crédits : Keystone/ Getty Images

Intronisation de Jean-Paul II

Le pape Jean XXIII, en 1961 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Le pape Jean XXIII, en 1961

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