PAPEETE
Située sur l’île de Tahiti, Papeete est le chef-lieu de la Polynésie française. La ville est née de l’évangélisation et de la colonisation, dans la première moitié du xixe siècle. Au moment de l’instauration du protectorat français, en 1842, le gouverneur Armand Joseph Bruat en fait la capitale de Tahiti parce qu’il s’agit d’un site portuaire favorable, avec une large passe dans le récif qui permet d’accéder à un mouillage profond et abrité, sur la côte sous le vent. Frappée par un grand incendie en 1884 et par un cyclone en 1906, la ville voit sa population progresser lentement, passant de 1 444 habitants en 1848 à 4 601 habitants en 1921. La croissance s’accélère dans l’entre-deux-guerres avec l’arrivée de Chinois et l’afflux de Polynésiens venus des autres îles des Établissements français de l’Océanie, qui seront renommés « Polynésie française » en 1957. En 1946, Papeete compte 12 000 habitants, et l’urbanisation commence à toucher les communes limitrophes de Pirae et Faaa.
À partir de 1960, l’agglomération de Papeete se métamorphose, car si la commune n’a crû que de 55 p. 100 de 1956 à 2017, passant de 17 300 à 26 900 habitants, l’agglomération – c’est-à-dire les communes de Paea à l’ouest à Mahina à l’est – a vu sa population quasiment quintupler durant la même période. Un tel contraste traduit un étalement urbain spectaculaire. En 1955, la ville se réduit à un tissu assez dense mais restreint autour du port, avec quelques rues commerçantes et un secteur administratif plus aéré. Un habitat diffus tend à s’étirer vers l’est sur la plaine littorale et sa cocoteraie ainsi que vers l’ouest le long du lagon, qui n’est pas encore transformé par les infrastructures portuaires et aéroportuaires. L’aéroport international de Faaa, construit par remblaiement partiel du lagon, est inauguré en 1961. C’est un équipement majeur de désenclavement de Tahiti et de la Polynésie française. Deux ans plus tard, l’installation du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) et l’ouverture des chantiers des sites d’essais nucléaires (Moruroa, Fangataufa) et des installations qu’ils nécessitent, comme le centre de commandement à Pirae, le camp militaire d’Arue, les bases navale et aérienne, entraînent l’arrivée de civils et de militaires, avec leur famille, soit plus de dix mille métropolitains, principalement dans l’agglomération de Papeete, base arrière du CEP. Simultanément, de nombreux Polynésiens quittent leur île pour s’installer à Tahiti, car le besoin de main-d’œuvre est considérable et les salaires alléchants. En 1962, l’agglomération compte 36 000 habitants ; neuf ans plus tard, 65 000. Le CEP devient le moteur de l’économie du Territoire et le port de Papeete est agrandi et complètement réaménagé avec le remblaiement du Motu Uta (l’îlot qui protège la rade) et la construction d’une digue de plus de deux kilomètres sur le récif.
Ce sont les communes contiguës à Papeete qui croissent le plus vite dans les années 1960 et 1970. La plaine de Pirae et d’Arue s’urbanise totalement sous la forme d’un habitat individuel. À l’ouest, l’explosion urbaine de Faaa est due surtout à l’installation de populations polynésiennes. À partir des années 1980, la croissance gagne les communes plus périphériques – comme Mahina à l’est, Punaauia et Paea à l’ouest – grâce à la Route de dégagement ouest (RDO), une voie rapide à 2 x 2 voies ouverte en 1975. Le glissement de la croissance urbaine du centre vers les marges explique que la commune de Papeete ne représente plus aujourd’hui que le cinquième de la population de l’agglomération. La périurbanisation s’étend au-delà de ses sept communes. Ainsi, Papara, sur la côte ouest, a connu une croissance très forte, de même que Teva I Uta ou Taiarapu-Est et, progressivement,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Christophe GAY : agrégé de géographie, professeur des Universités, université Côte d'Azur
Classification
Médias
Autres références
-
OCÉANIE - Géographie physique
- Écrit par Alain HUETZ DE LEMPS et Christian HUETZ DE LEMPS
- 4 540 mots
- 4 médias
...différences entre les températures mensuelles augmentent peu à peu, mais elles restent modérées par suite de l'influence égalisatrice de l'océan : ainsi à Papeete (170 de latitude sud), dont la température moyenne annuelle est de 26,3 0C, les mois les plus chauds, février-mars, dépassent légèrement 27 ... -
OCÉANIE - Géographie humaine
- Écrit par Christian HUETZ DE LEMPS
- 8 772 mots
- 5 médias
...d'outre-mer français et plus encore aux Hawaii que le pouvoir d'attraction de la capitale s'est exercé de la façon la plus vigoureuse : aujourd'hui, Nouméa et Papeete réunissent chacune plus de la moitié de la population de leur territoire ; en Polynésie française, pratiquement toutes les îles et les archipels... -
POLYNÉSIE FRANÇAISE
- Écrit par Jean-Christophe GAY
- 4 651 mots
- 5 médias
L’agglomération de Papeete est le cœur de la Polynésie française, représentant à elle seule environ la moitié de la population contre à peine un tiers au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le tourisme n’a pas véritablement remis en cause cette polarisation, en dépit de son glissement... -
SOCIÉTÉ ARCHIPEL DE LA
- Écrit par Jean-Christophe GAY
- 504 mots
- 2 médias
Étiré sur plus de 800 kilomètres selon une orientation sud-est/nord-ouest, entre 150 et 180 de latitude sud, 1480 et 1540 de longitude ouest, l’archipel de la Société est composé de quatorze îles. Découvert en 1767 par l’Anglais Samuel Wallis, il doit son nom à James Cook qui, en 1769,...