AVIGNON PAPES D'
La papauté d'Avignon dans l'histoire
Durant son séjour en Avignon, et grâce à lui, la papauté connut deux évolutions institutionnelles qui la marqueront longtemps. D'une part, devant le premier éveil des nationalismes, elle commença à abandonner ses prétentions au gouvernement politique de l'Occident, évolution qui eût été probablement plus lente à Rome, à cause des réminiscences historiques liées au site. D'autre part, pour la première fois, la centralisation pontificale devint effective : la vie sédentaire de la curie, sa position au cœur géographique de la Chrétienté y ont sûrement contribué. Ainsi, des papes plus juristes que théologiens ou spirituels dessinent en Avignon le visage moderne de la papauté : les constitutions de Clément V (Clémentines) et de Jean XXII (Extravagantes) cloront le Corpus juris canonici, qui demeurera la législation fondamentale de l'Église catholique jusqu'en 1917.
À l'exception de la reconquête de l'Italie, la politique des papes d'Avignon fut un échec (médiations inefficaces durant la guerre de Cent Ans, croisade impossible), mais doit-on en dire autant de leur action religieuse ? Si certains aspects de l'action de Clément V furent teintés de servilité à l'égard de la monarchie française, ses successeurs surent être plus indépendants. En revanche, sauf chez Benoît XII, on peut dénoncer leur népotisme et leur favoritisme à l'égard de leurs compatriotes ; 113 des 134 cardinaux d'Avignon seront français et pour les trois quarts originaires du Midi comme les papes : on comprend que les Italiens frustrés aient dénoncé le séjour en Avignon comme « la captivité de Babylone » ! Cependant, trois de ces papes passent à juste titre pour des réformateurs ; mais, prisonniers des structures de l'époque, même eux ne surent pas se dégager du temporel et tenir compte des critiques des Fraticelles ou de la pensée laïque naissante (Marsile de Padoue). S'ils dotèrent l'Église d'une fiscalité et d'une administration efficaces, les papes d'Avignon laissaient cependant à leurs successeurs la tâche essentielle : la réforme de l'Église, nécessaire pour authentifier son témoignage évangélique dans une société qui, désormais, s'émancipe de la tutelle ecclésiastique.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Hervé LEGRAND : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris
Classification
Médias
Autres références
-
ALBORNOZ GIL ÁLVAREZ CARRILLO DE (1310-1367)
- Écrit par Marcel PACAUT
- 598 mots
Cardinal espagnol, restaurateur des États pontificaux en Italie durant le séjour des papes en Avignon. Issu d'une noble famille de Cuenca, le cardinal Albornoz fut le condisciple à l'université de Toulouse d'Étienne Aubert, qui monta en 1352 sur le trône de saint Pierre sous le nom d'Innocent VI....
-
AVIGNON, histoire de l'art
- Écrit par Marcel DURLIAT
- 1 020 mots
- 1 média
La ville d'Avignon n'apparaît sur la grande scène de l'histoire de l'art qu'avec la venue des papes. Jusque-là, son rôle artistique n'avait pas dépassé celui d'une localité moyenne, les meilleures manifestations datant de l'époque romane : cathédrale Notre-Dame-des-Doms, chevet de Saint-Ruf, petite...
-
AVIGNON & COMTAT VENAISSIN
- Écrit par Alain MAUREAU
- 1 062 mots
Autour d'Avignon, la préhistoire a laissé des traces surtout pour la période néolithique. Abris-sous-roche, stations en plein air, « fonds de cabanes » ont livré armes, outils, parures. Le dolmen de Ménerbes et les stèles anthropomorphes de l'Isle-sur-la-Sorgue et d'Avignon appartiennent à l'âge...
-
BENOÎT XII, JACQUES FOURNIER (mort en 1342) pape (1334-1342)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 398 mots
Celui qui deviendra pape sous le nom de Benoît XII est né à Saverdun dans le comté de Foix près de Toulouse et mort le 25 avril 1342 à Avignon.
Moine cistercien à Boulbonne, puis maître en théologie, diplômé du collège Saint-Bernard à Paris, Jacques Fournier devient supérieur de l’abbaye de...
- Afficher les 20 références