- 1. Puissance, jeunesse et instabilité des reliefs
- 2. L'émiettement géographique, linguistique et culturel des populations
- 3. Le dernier grand peuple découvert
- 4. La difficile naissance d'un État
- 5. La prépondérance de l'agriculture vivrière
- 6. De considérables potentialités minières et énergétiques
- 7. Tensions sociales et violences dans un État faible
- 8. Bibliographie
PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE
Nom officiel | Papouasie-Nouvelle-Guinée (PG) |
Chef de l'État | Le roi Charles III (Royaume-Uni), représenté par le gouverneur général Bob Dadae (depuis le 15 mars 2023) |
Chef du gouvernement | James Marape (depuis le 30 mai 2019) |
Capitale | Port Moresby |
Langues officielles | Anglais (langue officielle de facto) ; le hiri motu et le tok pisin (pidgin) sont des langues véhiculaires |
Unité monétaire | Kina (PGK) |
Population (estim.) |
13 620 000 (2024) |
Superficie |
461 937 km²
|
L'émiettement géographique, linguistique et culturel des populations
Le cloisonnement des milieux géographiques, la difficulté des communications ont favorisé l'émiettement des populations en petits groupes de quelques dizaines ou centaines d'habitants, à l'échelle du clan, du hameau et du village. Dans de telles sociétés aux structures atomisées, la chefferie n'était ni héréditaire ni élue, mais en général gagnée à l'issue d'une compétition fondée sur une économie de prestige : le « Grand Homme » (Big Man) est celui qui a accumulé le plus de richesses, notamment des cochons, qu'il redistribue ensuite à l'occasion de somptueuses cérémonies. Le « Grand Homme » est par définition généreux, c'est-à-dire que ne peut s'élever que celui qui est riche et que n'est riche que celui qui est dans une position sociale reconnue. En théorie, le pouvoir est ouvert à tous, mais, en réalité, il est rigoureusement contrôlé par la confrérie des hommes souvent âgés qui le possèdent déjà (J. Bonnemaison). Chaque groupe tribal, chaque confédération de clans relevant d'ancêtres communs a ses rituels, ses coutumes particulières, son type de chefferie. Surtout, la différenciation se fait souvent par la langue, car la Papouasie-Nouvelle-Guinée (comme l'ensemble du monde mélanésien) se caractérise par une étonnante pulvérisation linguistique, puisque la seule île de Nouvelle-Guinée compte plus de huit cents langues différentes. Certaines, menacées de disparition parfois, ne sont parlées que par quelques centaines de locuteurs, d'autres, dans les hautes terres notamment, intéressent des groupes plus nombreux, comme celle du pays Enga parlée par près de 200 000 personnes. On comprend facilement donc la diffusion rapide du pidgin à base d'anglais (tok pisin) comme langue de contact, érigée ensuite en langue nationale aux côtés de l'anglais et du hiri motu, la langue indigène de la région de Port Moresby. Il n'est pas étonnant non plus qu'entre ces groupes claniques la guerre rituelle ait été autrefois la norme. En général, après un certain nombre de morts, une cérémonie de paix permettait à chaque clan de payer à l'ennemi des compensations pour les guerriers tués et d'échanger des femmes pour des alliances de mariage.
L'émiettement des populations traduit bien l'ancienneté de leur implantation et la diversité des flux migratoires ayant constitué l'ensemble papou. Il est probable que les premiers chasseurs-cueilleurs sont venus de l'Asie du Sud-Est il y a quelque 50 000 ans, en un temps où le bas niveau marin de la glaciation wurmienne et la proximité de l'Australie avec la Nouvelle-Guinée (continent du Sahul) favorisaient le franchissement des détroits. La remontée des eaux à la fin de la glaciation (transgression flandrienne) isola les îles et l'Australie où les Aborigènes évoluèrent désormais en vase clos. Des vagues successives de migrants venus d'Asie constituèrent ensuite le kaléidoscope humain des îles avec, en dernier lieu, des peuples mélanésiens de langue austronésienne et fabricants de poterie qui colonisèrent il y a 5 000 ans le nord de la Nouvelle-Guinée et les îles de la mer de Bismarck, avant de poursuivre leur mouvement vers les Salomon, les Nouvelles-Hébrides et la Nouvelle-Calédonie. En tout cas, la découverte de marécages aménagés probablement pour la culture du taro à Kuk, près du mont Hagen, et datés d'environ 9 000 ans laisse penser que les populations papoues qui colonisèrent les hautes terres ont inventé elles-mêmes les premières formes de l'horticulture océanienne.
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Écrit par
- Christian HUETZ DE LEMPS : professeur, directeur de l'UFR de géographie, université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Médias
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