La difficile naissance d'un État
Les hasards des rivalités coloniales partageant la Nouvelle-Guinée et les îles voisines entre Hollandais, Britanniques et Allemands ont généré des fractures majeures qui perdurent aujourd'hui. D'abord la moitié ouest de l'île, intégrée aux Indes néerlandaises, détachée de celles-ci au moment de l'indépendance de l'Indonésie, récupérée par cette dernière en 1963 sous le nom de province d'Irian (appelée aussi Papouasie occidentale, le terme n'est pas neutre), est devenue un « point chaud » marqué par des affrontements entre colons malais de plus en plus nombreux, soutenus par le gouvernement indonésien qui protège également les grandes sociétés minières et la population papoue qui se sent marginalisée et dont les éléments les plus radicaux cherchent à utiliser la partie est de l'île, c'est-à-dire la Papouasie-Nouvelle-Guinée comme base arrière pour des opérations contre l'Irian. La partie orientale de l'île, en effet, partagée initialement entre les Britanniques puis les Australiens au sud et les Allemands au nord, qui possédaient aussi l'archipel Bismarck (Nouvelle-Poméranie et Nouveau-Mecklembourg) et l'extrémité ouest des Salomon (Bougainville et Buka) a été réunifiée sous la tutelle australienne à la suite de la guerre de 1914. C'est cet ensemble hétérogène qui a accédé à l'indépendance en 1975 sous le nom de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Membre du Commonwealth, le pays a la reine d'Angleterre comme chef d'État, représentée sur place par un gouverneur général élu par le Parlement (sir Michael Ogio depuis décembre 2010), mais la réalité du pouvoir est aux mains d'un Premier ministre issu d'une majorité parlementaire constituée au sein d'une Assemblée législative de 111 membres élus au suffrage universel pour cinq ans. Dès le départ, le système montra sa faiblesse par l'émiettement de la vie politique en de nombreux petits partis issus de l'hétérogénéité ethnique et linguistique. Cela impliquait la constitution de coalitions souvent éphémères, renversées par des votes de défiance, et le développement d'intenses pratiques de clientélisme et de corruption. Le partage de l'État en dix-neuf provinces plus le district fédéral de la capitale, Port Moresby, ne fait que renforcer le poids de la bureaucratie et multiplier les jeux d'influence. Pour essayer de stabiliser le pouvoir et d'éviter la multiplication de crises, des règles nouvelles sur le fonctionnement des partis et sur le système électoral ont été introduites en 1999 et en 2003, avec un certain succès. La vie politique a été longtemps dominée par la personnalité de Michaël Somare, qui fut le Premier ministre au moment de l'indépendance (1975-1980), puis à nouveau en 1982-1985, pour resurgir, après une période mouvementée, aux élections de 2002, dans un contexte d'incertitudes et de violence, mais aussi de difficultés économiques et monétaires. Son parti, l'Alliance nationale triompha, et les nouvelles dispositions de fonctionnement politique lui ont permis de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2011. Après un an de gouvernement marqué par une forte instabilité politique, le Parti du congrès national populaire, formation de Peter O’Neill, remporte une large victoire aux élections générales de 2012. Peter O’Neill est élu Premier ministre.
Le caractère chaotique de la marche de l'État s'est trouvé renforcé par les menaces sécessionnistes qui ont affecté l'est du pays, c'est-à-dire l'île de Bougainville. Ce qui, au départ (1988), n'était qu'une revendication foncière des tribus contre les propriétaires australiens de l'énorme mine de cuivre de Panguna dégénéra en une véritable guerre civile, marquée par le débarquement à[...]