- 1. Puissance, jeunesse et instabilité des reliefs
- 2. L'émiettement géographique, linguistique et culturel des populations
- 3. Le dernier grand peuple découvert
- 4. La difficile naissance d'un État
- 5. La prépondérance de l'agriculture vivrière
- 6. De considérables potentialités minières et énergétiques
- 7. Tensions sociales et violences dans un État faible
- 8. Bibliographie
PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE
Nom officiel | Papouasie-Nouvelle-Guinée (PG) |
Chef de l'État | Le roi Charles III (Royaume-Uni), représenté par le gouverneur général Bob Dadae (depuis le 15 mars 2023) |
Chef du gouvernement | James Marape (depuis le 30 mai 2019) |
Capitale | Port Moresby |
Langues officielles | Anglais (langue officielle de facto) ; le hiri motu et le tok pisin (pidgin) sont des langues véhiculaires |
Unité monétaire | Kina (PGK) |
Population (estim.) |
13 620 000 (2024) |
Superficie |
461 937 km²
|
Tensions sociales et violences dans un État faible
Confronté à des tensions sociales et à un climat de violence, le pays se trouve quelque peu démuni en raison de ses faiblesses structurelles déjà évoquées (hétérogénéité, conflits politiques, corruption). La première cause de ces difficultés tient à une démographie mal contrôlée : la Papouasie-Nouvelle-Guinée est en pleine « transition démographique », avec un accroissement naturel de plus de 2,2 p. 100 par an (natalité 29,8 p. 1 000, mortalité 7,5 p. 1 000 en 2011). La population est jeune (37,7 p. 100 de moins de 15 ans contre 18 p. 100 en France), avec une espérance de vie encore très faible (63 ans). C'est que les maladies endémiques (paludisme) restent virulentes, tandis que la propagation du sida a été telle que le gouvernement australien a décidé, en 2005, de limiter les déplacements des ressortissants papous sur son territoire.
Le second facteur de déstabilisation sociale tient à la pauvreté. Une part importante de la population a des revenus extrêmement faibles, ou ne participe pas du tout au système monétaire. Plus de 40 p. 100 de la population vit encore, dans les années 2000, avec moins d'un dollar par jour. Le sous-développement transparaît bien à travers le très bas indice de développement humain (0,466 en 2012), qui situe le pays au 156e rang sur 187 pays classés.
Le troisième élément de la « crise sociale » tient au développement rapide et incontrôlé des villes. Certes, le taux d'urbanisation reste faible, 12 p. 100 de la population totale, mais les villes n'en attirent pas moins d'importants flux de ruraux, venant en particulier des hautes terres. Port Moresby, la capitale, dépasse largement, au milieu des années 2010, les 310 000 habitants (318 100 au recensement de 2011), Lae compte 71 000 habitants, Madang, Wewak, Goroka, Mount Hagen et Rabaul entre 15 et 30 000 habitants. Le déferlement de jeunes ruraux déracinés et sans travail aboutit à l'augmentation d'une criminalité dont l'extrême violence se rattache pour une part aux traditions guerrières de la brousse, qui n'ont d'ailleurs pas disparu, mais renaissent lorsque l'État montre des signes de faiblesse. En particulier, à Port Moresby, des centaines de bandes de jeunes « raskals » font de l'agglomération une des plus dangereuses du monde. Pour essayer d'y faire face, le gouvernement a dû faire appel au soutien de 210 policiers australiens (2004-2005) dans le cadre d'un programme de coopération, d'ailleurs remis en cause par la cour suprême. Cette affaire témoigne à la fois des liens étroits entre l'Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée et de la susceptibilité de celle-ci vis-à-vis du « grand frère ».
Au total, la Papouasie-Nouvelle-Guinée reste un pays en voie de développement avec des infrastructures très incomplètes (aucune route ne traverse le pays du nord au sud, d'où le recours systématique aux liaisons aériennes), une dette importante (32 p. 100 du P.I.B. en 2013) et une dépendance très forte à l'égard des aides internationales, bilatérales (Australie, Nouvelle-Zélande) et multilatérales (U.E, organismes internationaux). Elle n'en a pas moins fait des progrès considérables dans des domaines comme l'éducation : de 1970 à 2008, par exemple, le taux d'alphabétisation des adultes est passé de 32 à 60 p. 100. Elle reste un pays fascinant, car nulle part ailleurs la confrontation entre « civilisations premières » et « modernité » n'est aussi forte et potentiellement déstabilisatrice. C'est dans ce choc culturel que se trouvent peut-être les racines profondes du mal-être social papou.
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Écrit par
- Christian HUETZ DE LEMPS : professeur, directeur de l'UFR de géographie, université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Médias
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