PAPOUS
Terme qui a longtemps servi à désigner collectivement les indigènes habitant l'île de la Nouvelle-Guinée, en Océanie, et qui dénote en fait les caractéristiques morphologiques qu'on retrouve chez un certain nombre de peuples de Mélanésie et plus particulièrement de Nouvelle-Guinée. Mais le mot « papou » ne désigne pas un groupe racial homogène et défini. Il dérive d'une appellation probablement malaise, pupuwa, qui signifie « crépu ». Il a d'abord été appliqué à des populations possédant certains caractères physiques généraux : peau sombre, petite taille, corps trapu, cheveux crépus ou frisés, nez très large, barbe fournie, mais le développement des recherches en archéologie, en anthropologie physique et en linguistique a permis de situer avec plus de précision ce qu'on pourrait appeler une « culture » papoue, bien que certains traits dégagés soient encore tout à fait hypothétiques. Les Papous seraient issus de peuples chasseurs et cueilleurs nomades de race « négride », venus, semble-t-il, du Sud-Est asiatique au cours de la dernière glaciation. En Nouvelle-Guinée, le brassage de ces peuples négrides dénommés Tasmaniens et Australiens serait à l'origine des Papous. Une autre hypothèse les fait provenir d'un courant migratoire distinct de populations, plus proches des Tasmaniens que des Australiens, mais issues sans doute du même foyer initial.
Selon M. Gussinde, ces nomades ou semi-nomades, pratiquant une horticulture d'appoint, exploitant peut-être le sagoutier dans les régions côtières et possédant un équipement technique rudimentaire, s'installèrent dans les régions côtières de la Nouvelle-Guinée entre ~ 10000 et ~ 3000. Puis, sous la pression d'immigrations successives, pénétrèrent dans l'intérieur de l'île et s'établirent dans les montagnes centrales. Selon d'autres avis, la chaîne centrale aurait été peuplée avant les régions basses moins salubres de la côte.
La dernière vague d'immigration de race négride, entre ~ 3500 et ~ 200, apporta en Océanie la civilisation de la hache à section ovale. Cette civilisation s'est répandue dans toute la Mélanésie, surtout dans les régions montagneuses des îles.
Plus récemment, les Austronésiens, originaires de l'Asie de l'Est ou du Nord-Est, se répandirent dans toute l'Océanie, apportant un outillage lithique nouveau et des techniques de pêche élaborées. Sous ces influences successives, les peuples négrides de chasseurs-cueilleurs nomades ou semi-nomades devinrent des horticulteurs relativement sédentaires cultivant principalement sur brûlis forestier le taro, l'igname, le bananier, l'arbre à pain, etc. Malgré l'influence de populations présentant des caractéristiques raciales différentes, l'élément négride resta dominant en Mélanésie. En revanche, les langues austronésiennes (ou malayo-polynésiennes) ont assez généralement supplanté les langues préaustronésiennes ou « papoues », que l'on trouve encore à l'intérieur et dans le sud de la Nouvelle-Guinée, et dans certaines parties des îles de l'archipel de la Louisiade, des îles de l'Amirauté, de Nouvelle-Bretagne, de Nouvelle-Irlande et des îles Salomon. Dans ces régions, des mélanges se sont produits, mais des facteurs d'isolement ont permis à l'outillage lithique nouveau de pénétrer par échanges, sans contact direct avec les Austronésiens qui l'apportaient. Les langues hybrides qui ont résulté de cette situation ont été baptisées de « type papou », mais davantage pour les distinguer des langues malayo-polynésiennes que pour traduire l'appartenance à une famille linguistique homogène. On compte en Nouvelle-Guinée environ cinq cents langues de structure très complexe appartenant au « type » préaustronésien et parlées chacune par un nombre relativement restreint de locuteurs[...]
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Écrit par
- Joël DUSUZEAU : ethnologue
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