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PAPPOCHELYS ROSINAE

Pappochelysrosinae est une nouvelle espèce de tortue fossile qui a été définie en 2015 par ses deux découvreurs : l’Allemand Rainer Schoch et l’Américain Hans-Dieter Sues (« A Middle Triassic stem-turtle and the evolution of the turtle body plan », in Nature, vol. 523, pp. 584–587, juil. 2015). Datée d’environ 240 millions d’années (Trias moyen), elle vient apporter de nouvelles informations qui permettent d’éclairer l’origine des tortues (formant le groupe des Chéloniens) et leurs relations de parenté avec les autres reptiles, deux thèmes mobilisant depuis plus d’un siècle les paléontologues et faisant l’objet de débats. Ainsi, avant cette découverte, les Chéloniens étaient classés soit dans le groupe des Anapsides (amniotes dont le crâne est dépourvu de fosse temporale, un groupe archaïque sans représentant actuel si les tortues n’en font pas partie), soit dans le groupe des Diapsides (amniotes dont le crâne est percé de deux fosses temporales, comme les lézards, les crocodiles et les oiseaux).

Découverte et description de Pappochelysrosinae

Une vingtaine de spécimens de cette tortue a été mise au jour dans la carrière Schumman, à Eschenau, dans la municipalité de Vellberg (Bade-Wurtemberg, sud de l’Allemagne). Ces fossiles proviennent des dépôts lacustres de la formation d’Erfurt, datée de la fin du Trias moyen, c’est-à-dire il y a environ 240 millions d’années (Ma). Ce site paléontologique a livré une faune composée de reptiles majoritairement terrestres, mais aussi de poissons et d’amphibiens temnospondyles. Malgré des fouilles intensives menées depuis deux siècles dans cette carrière, les restes de tortues n’avaient pas été trouvés avant 2006.

<em>Pappochelys rosinae</em> - crédits : R. Schoch/ SMNS

Pappochelys rosinae

Pappochelysrosinaeest un petit animal dont la longueur totale chez l’adulte est estimée à une vingtaine de centimètres. Le crâne est relativement petit et les mâchoires sont pourvues de solides dents pointues. Rappelons que les tortues actuelles ne possèdent pas de dents, mais un bec corné tranchant. D’un âge intermédiaire entre Eunotosaurus – un fossile de 260 Ma découvert en Afrique du Sud en 1892 et proposé comme ancêtre des tortues en 1914 par le paléontologue britannique D. M. S. Watson – et Odontochelys – une tortue primitive découverte en 2008 en Chine, datée de 220 Ma et possédant seulement un plastron (partie ventrale de la carapace, la partie dorsale étant appelée dossière) –, Pappochelys fait aussi morphologiquement le lien entre ces deux fossiles. Ainsi, dépourvu de carapace (pas de plastron ni de dossière), Pappochelysrosinaeprésente des côtes qui sont élargies avec une section en forme de T comme chez Eunotosaurus et Odontochelys. À la place du plastron, elle possède des paires de gastralia (côtes ventrales qui sont venues devenues des éléments du plastron des tortues) bien épaisses qui, par endroits, ont tendance à fusionner. Les ceintures des épaules et du bassin de Pappochelys sont très proches de celles d’Odontochelys et Proganochelys (une tortue terrestre avec dossière et plastron complètement formés, provenant du Trias supérieur d’Allemagne, il y a 210 Ma). Ces trois fossiles ont un nombre réduit de vertèbres comme les autres tortues. Tous ces caractères montrent que Pappochelys est bien une tortue même si elle ressemble à un lézard.

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<em>Pappochelys rosinae</em> - crédits : R. Schoch/ SMNS

Pappochelys rosinae