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PAQUIRRI (1948-1984)

Francisco Rivera « Paquirri » est né le 5 mars 1948 à Zahara de los Atunes, dans la province de Cadix. Quand il est encore très jeune, son père l'emmène à Barbate, une capitale municipale, où il s'établit comme employé à l'abattoir. Antonio Rivera avait été novillero et avait même toréé à Madrid. Le jeune Francisco, dont un frère aîné est également matador, se lance à son tour face aux taureaux en 1964. 1965 et le début de 1966 le voient aux premiers rangs des jeunes avides de succès. Le 18 juillet 1966 doit avoir lieu la consécration du matador, l'alternative, mais Paquirri est gravement blessé et la cérémonie reportée. Elle aura lieu finalement, dans la même arène de Barcelone, le 11 août : en présence de El Viti, Paco Camino lui « cède » un taureau de Urquijo. Le 18 mai 1967, Paquirri confirme son alternative, à Madrid comme le veut la coutume, avec le même parrain, et avec pour témoin José Fuentes. Quelques jours plus tard, au cours de la même feria de la San Isidro, Francisco coupe sa première oreille dans la capitale, en compagnie de deux autres jeunes toreros, Tinin et El Pireo.

La fin des années 1960 est, en tauromachie, une époque complexe et brillante ; dans une Espagne qui va goûter à la prospérité, sinon à l'apaisement et à la réconciliation, un météore a éclaté, El Cordobés, révolutionnant la technique au mépris des canons traditionnels et provoquant un salutaire sursaut. À l'écart de ses extravagances, le classicisme se ressource et s'épure : Antonio Ordoñez connaît un nouvel apogée, Paco Camino et Diego Puerta triomphent, ainsi que l'austère et profond El Viti ; Aparicio et Litri sont encore là, mais les nouveaux s'appellent José Fuentes, Palomo Linares, Tinin, El Pireo ou Pedrin Benjumea.

Dans ce groupe, l'ascension de Paquirri sera relativement lente, et, à part quelques occasions mémorables, il faut attendre la fin des années soixante-dix (1977 surtout), et le départ de quelques anciens prestigieux, pour qu'il atteigne enfin la toute première place. Son courage est sans faille, son art s'enrichit. À la cape, il n'est pas très élégant, et ne le sera jamais, incapable de rivaliser avec les lenteurs majestueuses d'un Curro Romero ou du gitan Rafael de Paula : il n'a pas le secret des essences. Mais son geste est efficace, il sait retenir une bête rétive, contenir une charge trop violente, mener un taureau au picador avec autorité. Il fait preuve du même pouvoir de domination avec la muleta. Sa maîtrise des passes fondamentales, sa connaissance de l'adversaire retiennent l'attention du plus exigeant aficionado. Au fil des années, la limpidité d'exécution qu'il apporte à son toreo lui donne parfois une vraie touche de grandeur. Ses estocades sont généralement portées avec décision et sincérité ; il provoque parfois la charge du taureau, attendu avec sang-froid dans une dernière et mortelle rencontre. Mais c'est grâce à la pose des banderilles que Paquirri a conquis sa popularité. Athlétique et rapide, il aura rarement dédaigné cette occasion de briller aux yeux du public. Pourtant, bien souvent, la vélocité et la dextérité masquent une exécution banale, sinon peu convaincante. Pas toujours, toutefois : en 1978, à la feria de Séville, Paquirri sera gravement blessé pour avoir voulu poser une paire de banderilles à l'écart, al quiebro, à un taureau qui venait trop lentement. Trois ans plus tard, dans la même arène, la Maestranza, il sortira par la porte du Prince, après un éclatant succès.

Fêté en Andalousie, célèbre dans toute l'Espagne, de Pampelune à Valence, Paquirri voit ensuite son étoile baisser. Des difficultés de famille, l'échec de son mariage avec la fille d'Antonio Ordoñez, la rivalité croissante d'un nouveau venu, Paco Ojeda, expliquent cette baisse de forme. Pourtant, en 1983,[...]

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Écrit par

  • : directeur des éditions Aubier et du département sciences humaines aux éditions Flammarion

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