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PARABÈNES

Que disent les études scientifiques sur les parabènes ?

Chez l'homme (via l'application de produits cosmétiques), l'absorption par la peau de ces produits est bien réelle. Elle a été mise en évidence par de nombreuses études in vitro et in vivo. Les quelques études réalisées concernant la prise de parabènes par voie orale (médicaments et alimentation) montrent aussi une absorption rapide de ces molécules mais celles-ci subissent une métabolisation (dégradation) importante et sont éliminées rapidement par l'organisme.

Dès 1998, des études in vitro s'intéressant aux mécanismes d'action des parabènes ont mis en évidence leur capacité à se lier aux récepteurs des œstrogènes (hormones sexuelles femelles) et à les activer. Cette activité œstrogénique est proportionnelle à la longueur des chaînes alkyles des différents parabènes (méthyl, éthyl, propyl, butyl) mais reste 10 000 fois plus faible que celle de l'œstradiol. Rappelons que l'œstradiol est le principal œstrogène naturel qui, outre ses effets bénéfiques (différenciation sexuelle féminine), est impliqué dans le cancer du sein et de l'utérus, venant augmenter la prolifération tumorale. Les parabènes sont beaucoup moins actifs que les œstrogènes naturels mais leur exposition est continue. Ils sont appellés des perturbateurs endocriniens, et viennent ici mimer l'action des œstrogènes en se fixant sur les récepteurs hormonaux.

Une action inhibitrice du récepteur des androgènes (hormones sexuelles mâles) a également été observée pour les parabènes et pourrait être responsable d'une baisse de fertilité chez l'homme. La métabolisation des parabènes ingérés aboutit principalement à l'hydrolyse de ces derniers en acide parahydroxybenzoïque qui serait inactif. Les études in vivo chez les rongeurs ont montré peu d'effets des parabènes sur les fonctions reproductives mâles, et des effets variables chez la femelle. Les études épidémiologiques sont à ce jour insuffisantes pour écarter clairement un impact chez l'homme ou apporter une plausibilité d'un impact sur la santé reproductive humaine. D'autres études scientifiques sont menées en vue d'infirmer ou de confirmer ces risques.

Cependant, du fait que l'être humain soit régulièrement exposé aux parabènes à cause de la multitude de produits en contenant, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (E.F.S.A., European Food Safety Authority) avait défini en 2004 une dose journalière tolérable pouvant aller jusqu'à 10 mg/kg/jour pour le méthyl et l'éthylparabène.

— Patrick BALAGUER

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Écrit par

  • : directeur de recherche 2ème classe à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale

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