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PARACELSE (1493-1541)

Une œuvre encyclopédique

Grâce à Karl Sudhoff et à Kurt Goldammer, on dispose au sujet de Paracelse d'un outillage bibliographique relativement précis. La publication des œuvres est loin d'être achevée. Une part manuscrite importante a été identifiée par Sudhoff en 1899, tout récemment par Karl Heinz Weimann.

L'œuvre du médecin suisse est une véritable somme (son édition complète en est déjà au quinzième volume). Dans sa majeure partie, elle n'a pas été publiée du vivant de l'auteur. L'opposition des médecins aux thèses de leur confrère était trop forte. Ce n'est qu'après la paix d'Augsbourg (1555) qu'une véritable école de paracelsistes s'attaqua à la recherche et à la publication des manuscrits. Un médecin établi en Silésie, Johannes Huser, réalisa à Bâle de 1589 à 1591 la première édition complète.

On distinguera dans cette œuvre deux grandes parties : les écrits religieux, les écrits médicaux. Ceux-ci sont tout d'abord des traités pratiques dont les principaux concernent les bases chimiques de la médecine, la syphilis, l'épilepsie, la maladie des mineurs, les maladies de l'imagination, la peste, les cures thermales, la chirurgie, les maladies dues au tartre. Les écrits théoriques se divisent en trois groupes : écrits de justification ; écrits sur les fondements philosophiques de la médecine : le Paragranum ; et sur l'étiologie : le Paramirum ; et surtout, la grande Astronomia magna, ou Philosophia sagax, volume de plus de cinq cents pages, où Paracelse essaie d'ordonner en une noble synthèse les thèmes fondamentaux de son système médico-philosophique.

La bibliographie paracelsienne est inépuisable (1 180 titres parus entre 1932 et 1960). Des sociétés et des revues, en particulier les Nova Acta paracelsica, publiés par la Schweizerische Paracelsus-Gesellschaft, dont le siège est à Einsiedeln, se sont donné pour but de tenir le public et le spécialiste au courant des travaux et des découvertes. Paracelse a été peu traduit en français.

Né la même année que Rabelais, médecin lui-même, Paracelse compte avec celui-ci parmi les plus grands écrivains de la première moitié du xvie siècle. Il écrit une langue tortueuse et lourde, un dialecte alémanique. Mais, incomparable dans l'invective, appréciant aussi bien la parabole savante que l'image vulgaire, il sait ouvrir son style à tous les souffles linguistiques.

Paracelse a été un des auteurs les plus discutés. Charlatan ou érudit profond ? La question n'a plus beaucoup de sens. Comme Albert le Grand, comme Jean-Baptiste Van Helmont, il fut les deux à la fois.

Il est aussi faux de refuser à l'ennemi de la doctrine galénique toute originalité que de voir seulement en lui le génie sublime, étranger à son temps, le détruisant, l'écrasant. Son mérite premier consiste à avoir groupé dans une synthèse relativement bien construite les intuitions isolées de son époque, dans les domaines médical et philosophique.

Il est en effet hors de doute que Paracelse fait partie du groupe des humanistes et des linguistes (J. Reuchlin, J. Lefèvre d'Étaples, Agrippa de Nettesheim, Guillaume Postel), qui ont divulgué par toute l'Europe les bienfaits de l'entreprise réalisée par les fondateurs de l'Académie florentine, Marsile Ficin et Pic de la Mirandole : la vulgarisation des trésors du platonisme, du néo-platonisme, de l'hermétisme, de la kabbale.

Mais Paracelse n'eût été qu'un épigone s'il n'avait complété cet emprunt par une connaissance précise de la médecine et de la science de son temps, qui s'ouvraient à des voies nouvelles, et de l'alchimie, pratiquée notamment par l'abbé Johann Tritheim (1462-1516).

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Poitiers

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Média

Portrait de Paracelse - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

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