PARAGUAY
Nom officiel | République du Paraguay (PY) |
Chef de l'État et du gouvernement | Mario Abdo Benítez (depuis le 15 août 2018) |
Capitale | Asunción |
Langues officielles | Espagnol, guarani |
Unité monétaire | Guarani (PYG) |
Population (estim.) |
6 193 839 (2024) |
Superficie |
406 752 km²
|
Le Paraguay depuis la transition démocratique
La transition vers la démocratie
Nombre d'observateurs ont considéré le coup d'État de février 1989 comme une simple révolution de palais, un homme fort en remplaçant un autre. Pourtant, force est de constater que l'élection de mai 1989 qui confirme Andrés Rodríguez dans ses fonctions de président de la République, avec plus de 74 % des voix, n'est pas frauduleuse et, surtout, que la liberté d'expression s'installe réellement dans le pays ; enfin, le calendrier électoral annoncé va être scrupuleusement respecté. Par ailleurs, la signature du traité d'Asunción, en mars 1991, créant le Marché commun du Sud (Mercosur), va permettre au Paraguay d'obtenir le statut de véritable partenaire régional et international.
Les premières élections organisées avec des registres totalement rénovés sont des municipales, en mai 1991. Outre les représentants des partis inscrits officiellement (Alliance nationale républicaine-parti Colorado [A.N.R.], Parti libéral radical authentique [P.L.R.A.], Parti révolutionnaire fébrériste [P.R.F.], Parti démocrate chrétien), des candidats indépendants sont autorisés à se présenter. Ainsi, dans la capitale, qui concentre presque la moitié des électeurs du pays, c'est un candidat indépendant, Carlos Filizzola, qui est élu. Jeune médecin, leader d'une grève antistroessniste en 1986, le maire d'Asunción devient un personnage clé de la jeune démocratie paraguayenne.
Mais la victoire est avant tout celle de la société civile qui s'organise enfin, alors qu'elle a été si longtemps écrasée par le pouvoir politique. Tandis que les partis traditionnellement opposés à Stroessner (P.L.R.A. et P.R.F.) sont désorientés par les changements, un mouvement citoyen, Decidamos. Campañapor la expresiónciudadana (« Décidons. Campagne pour l'expression citoyenne ») organise la formation des assesseurs des bureaux de vote. Puis, un dispositif de contrôle électoral parallèle, informatisé et exhaustif, est mis en place pour les élections municipales de 1991, sous le nom de Sakã (« transparence » en guarani), un consortium d’O.N.G. Le soir des élections, l'organe officiel (la Junta electoral central) restant muet, le président Rodríguez félicite personnellement les organisateurs de Sakã et transforme ainsi le contrôle parallèle en contrôle officiel, les élus étant reconnus par les autorités sur l'unique foi des données de Sakã.
Si la grande majorité des municipalités demeurent entre les mains du parti Colorado, le vieux parti hégémonique, pour la première fois depuis cinquante ans, a perdu la majorité en nombre de voix. Mais l'opposition politique nationale, divisée et handicapée par les années de domination de Stroessner, ne sait pas tirer parti de cet avantage. Certes, la nouvelle Constitution, votée en 1992, est marquée par ce renouveau politique et présente les caractères démocratiques de base (séparation des pouvoirs, respect des droits de l'homme, libertés publiques et individuelles, suppression de la peine de mort, non-rééligibilité du président, etc.). Mais aux élections générales de mai 1993, l'opposition au parti Colorado ne rassemble pas ses votes autour d'un seul candidat, alors même qu'ils sont encore une fois majoritaires.
Les incertitudes de la consolidation démocratique
Avec l'élection, en 1993, de Juan Carlos Wasmosy, du parti Colorado, c'est une page d'histoire qui se tourne : le Paraguay quitte l'ère stroessniste ; la transition stricto sensu vers la démocratie se termine. Le président Wasmosy, s'il est un rempart contre les débordements d'une armée très politisée et toujours stroessniste, n'est pas vraiment capable de relancer l'économie ni de mettre en œuvre les réformes indispensables (fiscale, administrative, judiciaire, notamment). L'atmosphère générale[...]
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Écrit par
- Rubén BAREIRO-SAGUIER : ambassadeur du Paraguay en France, écrivain
- Renée FREGOSI : directeur de recherche en science politique à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Sylvain SOUCHAUD : docteur en géographie, chargé de recherche à l'Institut de recherche pour le développement
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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