PARAKÉRATOSE
On rencontre la parakératose dans de nombreuses dermatoses, le psoriasis par exemple, dont elle est un élément anatomo-pathologique important. C'est une lésion histologique qui traduit un trouble de la kératinisation : les cellules épidermiques qui constituent la couche cornée à la surface de la peau conservent leur noyau, qu'elles auraient dû perdre. Il en résulte la formation de squames plus ou moins épaisses.
À la suite de Brocq, de nombreux dermatologistes ont qualifié de parakératose un certain nombre de dermatoses érythémato-squameuses qu'il paraît plus légitime de dénommer « eczématides » (Darier), terme qui souligne leur étroite parenté avec l'eczéma. Elles ne s'en distinguent que parce que les lésions — dissociation des cellules épidermiques du corps muqueux de Malpighi par une sérosité et par une migration lymphocytaire venue du derme — demeurent à ce type de « spongiose » et n'aboutissent pas, comme dans l'eczéma proprement dit, à la constitution de vésicules après la rupture des moyens d'union que présentent entre elles les cellules du corps muqueux.
Ces éléments érythémato-squameux sont d'aspect et de topographie variés : gras, en taches polycycliques bien limitées dans les régions de la séborrhée (eczématide figurée steatoïde), épais et simulant le psoriasis (eczématide psoriasiforme), ou plus fins, moins érythémateux, réduits parfois à une desquamation furfuracée (eczématide pityriasiforme) figurant une éruption en « médaillon » (eczématide à type de pityriasis rosé), réalisant dans d'autres cas des cônes cornés péripilaires (eczématides folliculaires).
Des éléments divers, mais d'aspect constant chez un même malade, peuvent, s'ils sont nombreux, représenter un véritable exanthème. Ailleurs, uniques ou peu nombreux, ils siègent aux zones d'élection de la séborrhée (front, face antérieure du thorax, régions latérovertébrales) ou bien au point d'application d'un traumatisme répété (zone d'irritation d'une ceinture, d'une jarretelle) ou au voisinage de foyers infectieux (intertrigo, impétigo du cuir chevelu, dermo-épidermites de jambe).
Chez le nourrisson, ces eczématides infectieuses de développent souvent à partir d'un érythème fessier ou d'une dermite céphalique (croûtes de lait). Elles peuvent se généraliser à tout le corps, réalisant l'érythrodermie de Leiner-Moussous dans le déterminisme de laquelle interviennent, à côté de l'hypersensibilité du tégument à des microbes divers (entérocoque, Candida), certaines carences vitaminiques (notamment en biotine).
L'enquête étiologique portera notamment sur la recherche d'une sensibilisation à un germe siégeant parfois dans une lésion cutanée minime. Au traitement général, orienté par les constatations ainsi recueillies, s'ajoutera un traitement local particulièrement prudent, la moindre irritation risquant de transformer l'eczématide en eczéma vrai.
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Écrit par
- Pierre de GRACIANSKY : médecin honoraire de l'hôpital Saint-Louis
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