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PARAPHILIES ET TROUBLES PARAPHILIQUES

Paraphilies, délits et crimes sexuels

Classification pénale

Les liens entre la classification pénale des crimes et délits sexuels et les classifications cliniques des paraphilies sont assez difficiles à établir puisque, en dehors de l'exhibition, il n'y a pas de correspondance. La législation en France interdit toute relation sexuelle en l’absence du consentement préalable du (ou de la) partenaire, y compris entre époux. Le Code pénal considère que « constitue une agression sexuelle, toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise » (article 222.22). Dans ce cadre, il distingue le viol comme l’« acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit » (article 222.23) des autres agressions sexuelles (attouchements, exhibition ou harcèlement). En 2018, le délai de prescription pour les crimes sexuels sur mineurs a été porté de vingt à trente ans à partir de l'âge de la majorité de la victime. En outre, le Code pénal retient comme circonstances aggravantes : l’âge de la victime (s’il est inférieur ou égal à quinze ans) ; l’existence d’un rapport d’autorité de l’agresseur vis-à-vis de la victime ou encore d'une vulnérabilité particulière de cette dernière (déficience intellectuelle, handicap…) ; enfin, la violence éventuellement associée, avec les lésions qui en résultent. La consommation d’alcool ou de toxiques ayant pu favoriser l’acte délictueux est souvent considérée par le juge comme un facteur aggravant. Si les délits et crimes sexuels peuvent renvoyer à une multitude d'entités pathologiques psychiatriques différentes incluant également des troubles graves de la personnalité, les troubles paraphiliques sont présents dans presque la moitié des crimes et délits sexuels. Plusieurs classifications cliniques des violeurs ont été proposées, mais elles s’avèrent peu opérantes en pratique clinique en dehors des cas où l'agresseur présente un trouble pédophilique. Les troubles paraphiliques à l’origine d’agressions sexuelles peuvent avoir des conséquences plus ou moins graves selon le nombre de victimes, leur âge, le type d'agression sexuelle perpétrée. Les conséquences personnelles et sociales des viols et violences sexuelles sont un problème majeur de santé publique. Il est difficile d'obtenir des données exactes sur le nombre de victimes d'agressions sexuelles dans la mesure où l'on estime qu'environ 10 p. 100 seulement des victimes portent plainte contre leur agresseur. Il paraît donc extrêmement important de penser à dépister ces violences dans toutes les situations à risque (troubles mentaux, situations de violences conjugales ou familiales, difficultés sexuelles...).

Risque de récidive

La condamnation judiciaire et l’emprisonnement ne modifie pas l'orientation paraphilique, mais peuvent permettre la mise en place d'une prise en charge surtout dans le cadre des injonctions de soins. À cet égard, la loi de juin 1998 a contribué à renforcer la surveillance en mettant en place un médecin coordonnateur aux côtés du juge d'application des peines. Le risque de récidive est en effet une préoccupation importante dans les troubles paraphiliques sévères, en particulier chez les pédophiles et surtout chez ceux qui agressent des garçons (35 p. 100 sur une durée de quinze ans en l'absence de traitement contre 16 p. 100 chez ceux qui agressent uniquement des fillettes). Plusieurs facteurs de risque de récidive ont ainsi été identifiés : des antécédents judiciaires de crimes sexuels, des difficultés intellectuelles, des troubles psychiatriques ou de personnalité associés, des conduites addictives (alcool, drogues, hypersexualité), des antécédents d'abus sexuels. Cependant, les facteurs de risque les plus importants sont l'absence de traitement et la présence de fantasmes pédophiles. Des échelles d'évaluation[...]

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Écrit par

  • : professeure des Universités, professeure de psychiatrie et d'addictologie, université de Paris, CHU Cochin, INSERM U1266 - Institut de psychiatrie et de neurosciences de Paris, présidente de l'International association of women's mental health

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