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PARAPHRÉNIE (histoire du concept)

Variété de délire chronique caractérisée par la préservation d'un secteur important de la personnalité (structure paralogique) et par la prédominance du mécanisme imaginatif (thèmes fantastiques).

Si le mot « paranoïa » appartient à la nosologie hippocratique, celui de paraphrénie fut créé à son imitation, en 1882, par K. Kahlbaum pour désigner, conformément à l'étymologie, un désordre des fonctions cognitives. L'expression fut reprise, en 1909, par E. Kraepelin pour désigner des cas de délire chronique qu'il estimait devoir exclure des formes paranoïdes de la démence précoce (l'actuelle schizophrénie) et pour les séparer aussi de la paranoïa et de la psychose maniaco-dépressive. En 1913, il complète sa description et distingue quatre formes de paraphrénie : systématique (très proche de la paranoïa), expansive (très proche de la psychose maniaco-dépressive), confabulante (sans hallucination, faite surtout de faux souvenirs) et fantastique. Par un curieux chassé-croisé, les auteurs français (H. Claude, C. Nodet, H. Ey, T. Kammerer) ont conservé le diagnostic de paraphrénie pour les deux dernières formes et en font une maladie autonome, alors que les auteurs allemands et d'expression anglaise n'ont rien gardé de cette nosologie et considèrent que, mis à part les paranoïas stricto sensu, tous les délires chroniques sont des formes de schizophrénie.

Il y a indiscutablement, en effet, une maladie qui commence autour de trente-cinq ans, qui atteint très peu les fonctions du moi et qui ne s'oppose pas à la continuation d'une vie normale pendant fort longtemps, et quelquefois indéfiniment ; seuls quelques intimes sont mis par le délirant dans la confidence du monde imaginaire qu'il s'est créé et où se mêlent, en une aventure qui prend des dimensions cosmiques, la fable, le fantastique, la mégalomanie, un peu de persécution, beaucoup d'occultisme et de surnaturel. Cela peut s'éterniser ou s'éteindre à la longue ; quelquefois aussi la vie sociale des personnes atteintes finit par être envahie, ce qui oblige à les placer en milieu spécialisé. Naguère, ces malades étaient considérés comme strictement incurables, mais il existe des cas de guérison par la fluphénazine.

— Georges TORRIS

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