PARAPSYCHOLOGIE
L'intervention des « sceptiques »
La parapsychologie, qui à la fois est très en vogue auprès du public des années 1970 et reste en marge de la science officielle, a bénéficié du soutien de nombreux scientifiques renommés tels sir John Eccles (neurophysiologiste, prix Nobel), Margaret Mead (anthropologue), Costa de Beauregard (physicien). Des organismes officiels, comme la National Aeronautics and Space Administration (N.A.S.A.), ont financé certains de ses travaux et, aux États-Unis encore, la Parapsychological Association est rattachée depuis 1969 à la puissante American Association for the Advancement of Science. Dans les années soixante-dix, d'ailleurs, les parapsychologues ont déployé de vastes efforts pour se faire reconnaître de la science officielle. Le journal scientifique anglais Nature publia, le 18 octobre 1974, des résultats d'expériences de clairvoyance réalisées au Stanford Research Institute avec Uri Geller, sous la conduite des physiciens Targ et Puthoff. Mais ces résultats furent rapidement mis en doute : il devint clair, grâce au célèbre illusionniste américain James Randi, que Geller était un illusionniste, et que les expériences du S.R.I. avaient été conduites dans des conditions peu rigoureuses. Néanmoins, les démonstrations télévisées de Geller ont amené John Taylor, mathématicien anglais, et Charles Crussard, physicien français, à s'intéresser à la recherche parapsychologique. Ce dernier dirigea, entre 1976 et 1978, de nombreuses expériences avec un autre sujet psi (et illusionniste), Jean-Pierre Girard, particulièrement dans le domaine de la déformation des métaux par psychokinésie. Sur un total de cent cinquante objets déformés ou transformés, Crussard retenait une vingtaine de cas pour lesquels il certifiait le caractère anormal de l'effet produit. Mais lorsque, par la suite, Girard fut contrôlé par des sceptiques, les résultats furent, dans l'ensemble, négatifs. Faisant à la télévision, le 20 mars 1978, le bilan des expériences de Crussard et de divers sceptiques avec ce sujet psi, Alfred Kastler, prix Nobel de physique, en vint à conclure que jusqu'alors, la réalité de la psychokinésie ne pouvait être tenue pour démontrée.
De son côté, John Taylor, qui avait été en Grande-Bretagne l'un des chauds partisans de Geller, déclarait dans Nature, le 2 novembre 1978, que ses expériences le menaient à infirmer son hypothèse initiale selon laquelle les phénomènes psi pourraient emprunter le canal des ondes électromagnétiques. Et (comme il avait précédemment admis que, si les phénomènes psi existaient, ils ne pouvaient s'expliquer autrement) il se trouvait désormais obligé de mettre en doute leur nature paranormale.
Les résultats de Targ et de Puthoff sur la clairvoyance ont à leur tour été critiqués, dans le numéro de Nature du 17 août 1978, par deux psychologues néo-zélandais, David Marks et Richard Kamman. Ceux-ci, qui avaient vérifié les transcriptions des enregistrements magnétophoniques pratiqués au S.R.I., s'étaient aperçus que les juges qui faisaient les corrélations entre les rapports de l'explorateur et ceux du clairvoyant étaient mis sur la voie des appariements corrects par de nombreuses indications contenues dans les enregistrements. De plus, Marks et Kamman rapportèrent qu'ils n'avaient pu rééditer, avec des résultats comparables, les expériences de clairvoyance de Targ et de Puthoff.
De nombreux parapsychologues prétendent néanmoins que la réalité des phénomènes psi a été démontrée en laboratoire, et que seuls les « attardés » ou les « mal informés » refusent de l'admettre. Mais une telle allégation est en soi contraire à la démarche scientifique : selon les règles qui garantissent celle-ci, c'est aux tenants d'une hypothèse qu'il revient de montrer aux sceptiques l'impossibilité pour ces derniers de se maintenir dans une attitude[...]
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Écrit par
- Marcel BLANC : journaliste scientifique
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