PARASEXUALITÉ
L'existence de phénomènes sexuels est la règle chez les Eucaryotes, c'est-à-dire chez l'ensemble des êtres vivants formés d'une cellule ou d'un grand nombre de cellules. Chacune d'elles renferme, au sein de son cytoplasme, un noyau différencié. Leur cycle reproductif biologique comporte l'alternance d'une phase haploïde, pendant laquelle les noyaux ne renferment qu'un exemplaire de chaque chromosome et donc de chaque gène, et d'une phase diploïde où deux exemplaires de chaque chromosome sont présents. Le passage de la phase haploïde à la phase diploïde résulte de la fusion de deux cellules sexuelles haploïdes, complémentaires quoique différentes (cf. gamètes), qui mettent en commun leur matériel génétique ; après quoi, le retour à l'état haploïde sera réalisé, tôt ou tard, par la méiose. Les ségrégations indépendantes des chromosomes non homologues, d'une part, les crossing over entre chromosomes homologues, d'autre part, qui se produiront à la méiose, permettent la redistribution des gènes préalablement associés dans une même cellule. Ces phénomènes aboutissent, à chaque génération, à la production d'une gamme très étendue de combinaisons de gènes, de génotypes haploïdes puis diploïdes distincts. En amplifiant d'une manière extraordinaire l'effet des mutations, ils sont une source de variabilité génétique. Ainsi, le jeu combiné des fusions cellulaires à la fécondation et de la mécanique chromosomique à la méiose assure un brassage régulier et efficace de l'information génétique et réalise l'intégration des individus qui participent à des échanges sexuels en un ensemble dont le niveau d'organisation est plus stable que celui de l'individu ; c'est celui de la population et de l'espèce. La faculté de réaliser des échanges, des recombinaisons génétiques, est donc une propriété absolument fondamentale et nécessaire du matériel génétique des êtres vivants.
Contrairement à celui des Eucaryotes, le cycle de reproduction des êtres vivants dont le matériel génétique filamenteux n'est pas enfermé dans un noyau – ce sont les Protocaryotes – ne comporte pas d'alternance régulière de phases haploïde et diploïde. On a cependant découvert chez ces organismes différents mécanismes qui assurent le transfert d'information génétique d'un individu à l'autre. C'est à propos de ces mécanismes qui, en permettant les recombinaisons génétiques, remplissent le rôle essentiel de l'ensemble fusion cellulaire-méiose chez les Eucaryotes, que l'on parle de parasexualité.
Les contaminations génétiques
Cas des virus
Le matériel génétique des virus, qu'il s'agisse d'acide ribonucléique (ARN) ou désoxyribonucléique (ADN), est, comme celui de tous les organismes, susceptible de muter. La variabilité génétique peut affecter différents caractères viraux, la thermosensibilité par exemple, c'est-à-dire l'intervalle de températures à l'intérieur duquel un virus peut se multiplier, ou bien le spectre d'hôtes, c'est-à-dire le catalogue de cellules, de tissus ou d'organismes que le virus est capable d'infecter. Ainsi, la souche « sauvage » du bactériophage T2 se multiplie dans une souche A du colibacille (Escherichia coli). Elle donne sur un tapis bactérien A des plages de lyse formées d'un petit centre clair entouré d'un halo. Cette même souche « sauvage » ne se multiplie pas et ne donne pas de plages de lyse sur un tapis de bactéries d'une autre souche du colibacille, la souche B. Certains mutants de T2 infectent également les bactéries des souches A et B. On représente par le symbole h la mutation responsable de l'élargissement du spectre d'hôtes ici constatée. D'autres mutants déterminent sur bactéries[...]
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Écrit par
- Patrice COURVALIN : docteur en médecine, chef de l'unité des agents antibactériens à l'Institut Pasteur
- Jacques THÈZE : docteur en médecine, assistant à l'Institut Pasteur
- Patrick TRIEU-CUOT : docteur ès sciences, chargé de recherche à l'Institut Pasteur
- Philippe VIGIER : professeur à l'université de Paris-XI
Classification
Médias
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