PARASITOLOGIE ET MALADIES PARASITAIRES
L'adaptation au parasitisme
L' adaptation au parasitisme a immédiatement retenu l'attention des premiers naturalistes, car ses manifestations sont souvent étranges. Quel que soit le groupe envisagé, les modifications d'un organisme sélectionné comme parasite se font selon certaines lignes de force qui demeurent remarquablement constantes. Avec M. Caullery, on peut penser que le primum movensest la tendance du parasite à n'utiliser qu'une seule nourriture strictement déterminée. Ce phénomène d'adaptation parasitaire apparaît infiniment plus complexe qu'on ne le croyait initialement. Quatre expressions de cette adaptation sont particulièrement frappantes. Le terme adaptation couramment utilisé en parasitologie, est le constat du résultat final et non celui d'un processus que l'on ignore en général.
Adaptation morphologique
On observe chez l'animal parasite la suppression des organes de la vie de relation (organes des sens ; organes locomoteurs, circulatoires, respiratoires) et l'hypertrophie de ceux qui assurent la fixation sur l'hôte, la nutrition et la reproduction. L'aboutissement ultime serait, pour les Métazoaires, une sorte de sac informe, solidement ancré dans l'hôte et ne contenant que des œufs ou des larves. Les punaises de la famille des Réduvidés, vectrices du trypanosome américain de la maladie de Chagas, sont ailées, mais la punaise des lits n'a plus que des rudiments d'ailes. Puces, poux et mallophages sont totalement aptères. Quelques Annélides parasites possèdent encore de rares soies natatoires, d'autres, ainsi que les sangsues, n'en ont plus aucune trace. Les Crustacés parasites tendent à devenir apodes, puis sont des organismes ramifiés dans lesquels il est impossible de reconnaître l'anatomie caractéristique d'un Arthropode, si l'on ignore l'aspect des larves dont ils sont issus (Rhizocéphales).
Les systèmes sensoriels, excréteurs, circulatoires et respiratoires sont le plus souvent atrophiés, voire absents. Les échanges gazeux se font à travers les téguments. Le tube digestif, encore complet chez certains parasites proches des formes libres (Nématodes), devient non fonctionnel (Gordiens) ou incomplet (Trématodes) avant de disparaître (Ténias et Acanthocéphales). Les aliments sont totalement assimilables et sont absorbés à travers le tégument. La microscopie électronique a révélé que la surface de celui-ci est prodigieusement augmentée par un système de plicatures complexes.
D'autres organes, au contraire, sont développés et même hypertrophiés. Très caractéristiques de la vie parasitaire sont les organes de fixation qui permettent un solide ancrage sur l'hôte. Il suffit de citer les vrilles de la cuscute, les suçoirs du gui envahissant la branche de l'arbre hôte, les crochets et les ventouses de nombreux parasites animaux (Helminthes, Arthropodes).
Le trait le plus important de l'adaptation morphologique est sans doute l'hyperfécondité. Plus un parasite est étroitement adapté à un hôte déterminé et plus ses chances de le rencontrer effectivement sont statistiquement minimes. Or, pour lui, parvenir à s'établir chez cet hôte est une nécessité absolue, sous peine de disparition. Autrement dit, plus un parasite est « spécifique » et plus il lui faudra multiplier les possibilités de rencontre avec l'hôte, ce qui implique un « effrayant gaspillage de germes », car l'immense majorité d'entre eux ne réussira pas la jonction. Toutes les formes parasites sont effectivement dotées d'une fécondité infiniment supérieure à celles des formes libres qui leur sont apparentées, mais ce sont aussi celles chez lesquelles la « mortalité infantile » est de très loin la plus élevée. Plus le parasitisme est strict et plus ces phénomènes sont intenses. Les modalités de cette reproduction exubérante sont multiples :[...]
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Écrit par
- Yves GOLVAN : professeur à la faculté de médecine de Paris-Saint-Antoine, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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